Sept questions que l’on n’ose pas poser sur le don d’organes

SANTé 20 Minutes a posé toutes ces questions, souvent taboues ou entourées de flou, à la fédération France-Adot...

Pascal Boyer
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Les opération de prélèvement de poumons aux Etats-Unis.
Les opération de prélèvement de poumons aux Etats-Unis. — Allen Breed/AP/SIPA

Sujet tabou s’il en est, la mort est un sujet de conversation difficile. Et le prélèvement d’organe encore plus. Réponses aux questions que l’on n’ose parfois pas poser.

Que deviendra mon corps après le don d’organes?


Le corps du donneur sera restitué à la famille et le défunt pourra bénéficier d’obsèques sans que son choix n’ait changé quoi que ce soit.

Dans quel état sera-t-il restitué?

Le corps est toujours restitué en très bon état, afin qu’il puisse être présenté à la famille en vue des obsèques. L’état de restitution du corps est la principale contrainte chirurgicale lors du prélèvement. Les médecins risquent de lourdes amendes et même de l’emprisonnement si le corps est dégradé. Le défunt aura la même cicatrice que le receveur, ni plus ni moins.

Donne-t-on les yeux?

Non. Seule la cornée, la membrane transparente qui recouvre l’œil, est prélevée. C’est même le tissu le plus facile à prélever, et donc le plus transplanté en France. Mais les yeux ne sont pas transplantés et le visage de chaque défunt reste intact après le don.

Peut-on prélever toute ma peau ?

Non. Les prélèvements de peau ont lieu sur des endroits présentant des morceaux assez conséquents. Ça ne peut donc pas être, par exemple, les coudes ou les genoux, mais plutôt le dos, les fesses, les cuisses. On ne prélève pas non plus de peau sur le cou ou les avant-bras afin qu’il n’y ai pas de trace pour la restitution du corps à la famille.

Puis-je choisir à qui je donne?

Non, on ne peut pas dire «si je décède, je veux donner à tel ami, ou telle connaissance», car on n’est jamais sûr de décéder au bon moment tout simplement.«On peut également imaginer que des personnes voudraient refuser de donner à un étranger, un homosexuel, une femme ou un homme…», précise Pierre Noir, président de la fédération France-Adot. «Tout cela n’est pas possible. On donne à un être humain qui en a besoin.» L’anonymat est de règle.

Comment faire en sorte que mon choix soit respecté par mes proches?

Le principal conseil de tous les acteurs du don d’organe est de briser le tabou et d’en parler à ses proches. Il est également utile de l’écrire, de prendre une carte de donneur ou tout autre moyen pour le faire savoir, car c’est, lors du décès, la famille qui se prononce sur votre décision.

Est-ce la même chose que le don à la science?

Non. Le don à la science concerne les personnes qui souhaitent aider les étudiants en médecine et la recherche. Mais dans ce cas, le corps n’est jamais rendu à la famille et disparaît totalement. Quand les travaux sont finis, le corps est incinéré et les cendres sont disposées dans un jardin du souvenir. Mais la famille sait qu’elle ne reverra jamais le défunt. Quand aux démarches, elles n’ont rien à voir.

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