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Que vaut le bilan carbone du VAE ?

MOBILITÉ 20 Minutes dissèque le bilan carbone du vélo électrique et le compare à celui de la voiture à essence et de son pendant électrique

Camille Poher
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Les ventes de vélos et de vélos électriques ont explosé lors des déconfinements.
Les ventes de vélos et de vélos électriques ont explosé lors des déconfinements. — Halfpoint / Getty Images

Article mis à jour le 25 avril 2022

Mon marché pèse 3,4 milliards d’euros. J’ai atteint les 660.000 exemplaires vendus en 2021, soit une progression de 28% sur un an. Je fais enrager les cyclistes dans les montées. Je suis, je suis… Le vélo à assistance électrique, évidemment. Celui qu’on nomme aussi VAE semble ne plus arrêter sa course folle sur le marché des nouvelles mobilités depuis quelques années. Mais entre son moteur pédalier et sa batterie au lithium, à quel point le VAE est-il vert, comparé à une voiture thermique ou un véhicule électrique, qu’il vient souvent remplacer ? De sa fabrication à son recyclage, en passant par son usage, 20 Minutes a disséqué le bilan carbone du vélo à assistance électrique.

Avant de parler bilan carbone, commençons par parler bilan, tout court. Existe-t-il un réel boom du VAE en France ? Pour Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle (qui représente les professionnels du secteur), la réponse est évidente. « On constate une explosion de la demande du vélo à assistance électrique depuis environ quatre ans, avec un accélérateur particulier depuis ces dernières années ». Pour comprendre d’où vient cet essor, il faut se replonger dans les derniers épisodes citoyens qu’a connus l’Hexagone. « La crise des gilets jaunes en 2018, le mouvement contre la réforme des retraites en 2019 et la pandémie de 2020 sont les trois vecteurs de cette croissance », explique ainsi Virgile Caillet.

En effet, si les deux premiers, en bloquant les transports, ont poussé les Français à opter pour la solution du VAE, la crise du Covid a fini par consacrer ce dernier comme un symbole des gestes barrières et de la distanciation sociale. Représentant le quart des ventes de vélo en France et plus de la moitié en valeur monétaire (59 %), le marché du VAE a bel et bien réussi l’exploit de passer d’ultra-confidentiel il y a peu à exponentiel aujourd’hui. En 2021, il s’est même imposé en tant que principal vecteur de croissance du secteur du cycle. Et les professionnels n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin puisque, cette année, la production pourrait atteindre les 976.000 vélos, dont plus de la moitié à assistance électrique, prévient l’Union Sport & Cycle.

Un VAE consomme entre 15 et 30 grammes de CO₂ par kilomètre

Star de la mobilité urbaine, d’accord, mais permet-il pour autant de lutter contre le réchauffement climatique ? Pour le savoir il faut se pencher sur son empreinte carbone. Pour rappel, le bilan carbone d’un vélo, c’est la somme des émissions de gaz à effet de serre qu’il émet sur l’ensemble de son cycle de vie. Guillaume Colin est vice-président carbone de la société Sami, une start-up qui aide les entreprises à mesurer et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

L’ingénieur en connaît un rayon sur l’empreinte écologique des vélos à assistance électrique et voici ce qu’il constate. « Un VAE consomme entre 15 et 30 grammes de CO₂ par kilomètre. Dans le détail, c’est 10g pour la fabrication, 3g pour la fin de vie soit le recyclage, la mise en décharge ou encore l’incinération et entre 2 et 20g pour l’utilisation ». L’écart notable d’émission de gaz à effet de serre sur cette dernière donnée, soit l’usage en lui-même du VAE, s’explique par l’absence de consensus sur les méthodes de calcul. « Certaines études prennent en compte l’énergie dépensée par le cycliste durant l’effort et d’autres non », explique Guillaume Colin.

Un vélo pas totalement vert donc mais relativement bas carbone si on le compare à d’autres véhicules de nouvelle génération. « La voiture électrique émet 100g de CO₂ par kilomètre soit entre cinq et huit fois plus que le VAE », explique l’expert. Pour ce qui est de la voiture thermique, le constat est encore plus lourd. « On comptabilise entre 200 et 250 grammes de CO₂ émis par kilomètre sur ce type de véhicule. Et la majeure partie de ces émissions vient de la combustion du carburant lui-même », ajoute-t-il.

A quand des VAE réparables à l’infini ?

Le VAE s’inscrit bel et bien dans une mobilité durable pour nos experts mais il existe des solutions pour le rapprocher toujours plus de la neutralité carbone. Sur ce sujet c’est Olivier Schneider, le président de la FUB, la fédération des usagers de la bicyclette, qui nous met sur la piste. « Il y a un véritable problème dans l’entretien des moteurs et des batteries des vélos à assistance électrique », nous explique-t-il. La raison ? « Le manque d’uniformisation. Chaque modèle de vélo, ou presque, a son modèle de batterie ; idem pour les moteurs. Il est vraiment difficile d’interchanger ou de substituer les pièces ».

Ce manque de souplesse des manufacturiers freine l’émergence d’un marché de seconde main, qui serait pourtant l’une des façons de réduire plus encore l’impact environnemental des VAE, pour Olivier Schneider. « Un vélo classique est presque réparable à l’infini. Il n’est pas rare de voir un jeune utiliser le vélo de son grand-père car il a pu trouver les pièces pour l’entretenir sur Leboncoin par exemple ». Rendre le VAE plus durable dans le temps en favorisant sa réparabilité est, pour le président de la FUB, le véritable défi écologique du véhicule pour les années à venir. S’il se place dans le peloton de tête des alternatives aux moyens de transport classiques, le vélo à assistance électrique va donc devoir encore mouiller le maillot pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050.

Et le casque, dans tout ça ?

Obligatoire pour les cyclistes de moins de 12 ans, chez les adultes « la question du port du casque n’est pas si évidente que ça », constate Denis Vitiel, président de la commission Sécurité à la Fédération française de cyclotourisme (FFCT). Evidemment, il rappelle que « le casque peut sauver des vies » : « On n’a encore jamais trouvé une tête plus dure que l’angle d’un trottoir », lance-t-il. Rappelons-le, le port du casque réduit substantiellement les risques de blessures graves à la tête, et notamment les traumatismes crâniens. On vous a convaincu ? Maintenant, comment choisir ? A ce sujet, l’expert en sécurité à quelques recommandations : « D‘abord, éviter les casques pointus à l’arrière car cela peut être dangereux en cas de chute. Pour circuler en ville, les casques ronds conviennent très bien même s’ils manquent d’aération. L’important est surtout de choisir la bonne taille », rapporte Denis Vitiel.

Côté sécurité, « tous les casques en vente sont homologués donc même les casques pliants sont efficaces en cas de chute ». Et pour ceux qui ont un peu plus de budget, les casques connectés (de 100 à 220 euros avec une double coque) qui associent aussi la technologie MIPS (système de protection contre les impacts multidirectionnels) sont recommandés par ce fin connaisseur. « On peut y activer les clignotants et le feu rouge s’allume lorsqu’on freine. Ainsi, l’action du cycliste est très visible des autres usagers de la route puisque l’éclairage à lieu en hauteur », précise Denis Vitiel. Pour les plus petites bourses, les gilets et sac à dos réfléchissants font très bien l’affaire, rassurez-vous.

Jade Raffat