
Manger local et de saison, la recette pour ne pas se faire avoir
ALIMENTATION Envie d’acheter des fruits et légumes de saison, sans être pris pour une pomme ? 20 Minutes vous aide à faire votre marché
Article mis à jour le 25 avril 2022
Permettre aux ménages les plus modestes d’acheter des produits français, de saison, et si possible bio. C’est l’ambition du « chèque alimentation durable », l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Un dispositif qui pourrait être mis en place « dès après l’élection, courant de l’année 2022 », a assuré le ministre de l’agriculture Julien Denormandie sur France 3, le 17 avril dernier. Nombre de bénéficiaires, montants, produits concernés… Les modalités de ce chèque sont encore très floues, mais l’idée n’a rien d’une nouveauté. En réalité, elle a été mise sur la table par la Convention citoyenne pour le climat en 2020 puis inscrite dans la loi Climat et résilience de 2021. L’objectif : donner au plus grand nombre la possibilité de consommer des denrées de qualité, produites localement, et faiblement émettrices de gaz à effet de serre.
Eviter les fraises sous serre chauffée en hiver, soutenir la production locale, privilégier des modes de production vertueux… Sur le papier, tout le monde est d’accord. 85 % des Français se disent ainsi prêts à privilégier les fruits et légumes de saison pour faire baisser leur empreinte carbone, selon une étude réalisée en 2021 par OpinionWay pour 20 Minutes et AXA Prévention.
Mais entre la profusion d’initiatives et les écarts de prix, s’y retrouver est parfois difficile. « Beaucoup de gens ont le sentiment que ces produits sont plus chers, qu’ils sont réservés aux familles qui en ont les moyens. Mais ce n’est pas forcément le cas », assure Lisa Faulet, chargée de mission alimentation pour l’association de consommateurs CLCV.
Court-circuiter la grande distribution
L’une des clés est de supprimer les intermédiaires, et donc les marges, précise-t-elle : « Plus on réduit les intermédiaires, les transports et les emballages, plus le prix est accessible et juste pour le consommateur et le producteur. » C’est le fameux principe du circuit court. Pour s’y mettre, on peut commencer par se rendre sur fraisetlocal.fr ou bienvenue-a-la-ferme.com, des plateformes qui localisent les ventes à la ferme près de chez soi, les magasins de producteurs ou encore les « drives fermiers » (des agriculteurs qui se regroupent pour faire de la vente directe aux consommateurs).
Quant aux citadins, ils ont la possibilité de se tourner vers l’une des 2.000 Amap, des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne présentes partout sur le territoire. Concrètement, il faut s’engager à payer une part de la récolte à l’avance, sur un trimestre ou un an par exemple, en échange d’un panier à récupérer toutes les semaines. Les fruits et légumes sont locaux, de saison, souvent bio. Avantage : 100 % du prix va dans la poche du producteur. Inconvénient : le contenu du panier est imposé.
Plus souple, La Ruche qui dit oui propose un système de commande en ligne, qui permet de choisir au coup par coup des produits cultivés à moins de 250km, puis de les collecter en point de retrait. Le réseau est étendu (770 ruches) et le producteur fixe librement ses prix. Mais contrairement aux Amap, la structure se réserve une marge : 80 % pour le producteur, 12 % pour La Ruche qui dit oui et 8 % pour le responsable de ruche.
Pour faciliter encore les choses, on voit aussi depuis peu émerger des distributeurs automatiques de produits fermiers locaux. Des casiers réfrigérés, accessibles en libre-service, comme le Potager du hérisson en Haute-Garonne ou encore le Garage à légumes en Indre-et-Loire. Un écran tactile permet de choisir les fruits et légumes et d’ouvrir le box pour récupérer ses courses quand on le souhaite, 24 heures sur 24.
De la transparence sur les prix
Plateformes de livraison, casiers automatisés, covoiturage de produits locaux… Les initiatives germent partout en France. Pour faire le tri, on peut s’appuyer sur plusieurs critères : d’abord, vérifier que les produits n’ont pas parcouru plus de 250 km. Ensuite, comprendre le fonctionnement de la plateforme : se contente-t-elle de mettre en relation producteurs et consommateurs ? Prend-elle des frais de service pour la logistique et le fonctionnement ? Dans tous les cas, « il faut que le site explique la construction du prix », décrypte Lisa Faulet. Le mode de production est également à prendre en compte : s’agit-il d’agriculture durable, bio ou conventionnelle ? Enfin, en cas de commande en ligne, mieux vaut privilégier les livraisons décarbonées (vélos, véhicules électriques…) pour que l’impact environnemental soit réel.
Reste l’option traditionnelle des marchés, où l’on peut aussi « cibler les producteurs qui viennent vendre directement leur production », rappelle l’experte de la CLCV. Premier indice pour les reconnaître : ils ne proposent pas de tomates ou d’aubergines en hiver. « En général, les stands sont plus petits et le choix plus restreint, avec trois produits différents par exemple. » Une fois l’étal repéré, il ne reste plus qu’à s’attarder et à entamer la conversation avec le maraîcher. C’est l’autre bonne raison d’acheter local et de saison : se reconnecter à la terre, et à ceux qui la font fructifier.