Grève à la raffinerie de Feyzin: «Notre boulot, ce n'est pas Germinal, mais il est éprouvant»
REPORTAGE Le mouvement social contre la réforme des retraites se poursuit sur le site...
A la raffinerie de Feyzin, dans le Rhône, les longues torchères ne fument quasiment plus. La direction de Total a décidé ce mercredi de mettre à l’arrêt progressivement d’ici vendredi les unités de raffinage et les vapocraqueurs du site «pour des raisons de sécurité» après la journée de grève de mardi contre la réforme des retraites.
Dans la matinée, 70% des salariés «de quart», ceux qui travaillent à la production de carburant ou d’éthylène en 3x 8 par roulement de sept jours, se sont prononcés pour la poursuite de la grève. L’assemblée générale de l’après-midi, qui rassemblait surtout des cadres et les employés des bureaux, a voté de justesse un «soutien» au mouvement.
Un conflit inhabituel
«Ce n’est pas un conflit habituel, entre salariés et patrons. C’est une question de citoyenneté. C’est le gouvernement qui est ciblé, pas la direction de Total. On veut le retrait de la réforme et une vraie négociation sur les retraites», explique Damien Galera, délégué CFDT, syndicat majoritaire à Feyzin.
Ici, les ouvriers de quart peuvent partir en retraite à 55 ans, après 25 années d’ancienneté, en raison de la pénibilité de leur travail. «Notre boulot, ce n’est pas Germinal, mais il est éprouvant. On respire des produits chimiques et on se voit mal grimper sur les colonnes de 40 mètres de haut jusqu’à 57 ou 58 ans. Partir en retraite deux ans plus tard, ce n’est pas possible», note l’un d’eux, à quelques mois de sa préretraite.
Déjà au ralent depuis plusieurs jours
«Les gens sont déterminés. Le ras-le-bol continue à monter contre la réforme des retraites», constate David Faure, secrétaire CFDT du comité d’entreprise.
Selon Total, cette grève ne devrait pas entraîner de problème d’approvisionnement, les dépôts de carburant étant pleins. Mais la raffinerie de Feyzin, qui fournit 70% des stations-service de la région Rhône-Alpes, tourne déjà au ralenti depuis le blocage du terminal de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), d’où arrive le pétrole par pipeline. Et depuis mardi, aucun camion-citerne ne sort de l’usine, plus silencieuse qu’à l’accoutumée.