Le balcon de Fourvière retrouve sa vue
Il faut d'abord prendre les escaliers pour rejoindre le toit de la basilique de Fourvière (5e). Franchir la petite porte de la tour. Grimper encore un étroit colimaçon de bois et de fer, mettre un pied sur la 278e marche, pousser enfin une dernière porte. Puis une bourrasque de vent vient couper le souffle, tout comme l'impressionnante vue sur Lyon. Bienvenue au sommet de la tour de l'Observatoire, à environ 340 m d'altitude, l'endroit le plus élevé de la ville accessible au public.
Abîmée par le gel, la pluie, la foudre
Fermé depuis 2006 en raison de l'état déplorable de sa toiture, ce pilier monumental de la basilique, érigée en 1884, va rouvrir dans une dizaine de jours, après une cure de jouvence. « La tour a été abîmée par la pluie, le gel, la foudre. Les poutres métalliques étaient rongées par l'oxydation, alors qu'elles soutenaient la dalle de béton de deux tonnes qui accueille le public. Il a fallu tout changer », explique l'architecte Philippe Allart, en charge de l'imposante rénovation du lieu de culte le plus visité de Rhône-Alpes, lancée en 2007. Les travaux de la tour de l'Observatoire à peine achevés, des couvreurs, maçons, tailleurs de pierre, charpentiers viennent de s'attaquer à un autre chantier d'envergure. Rénover la charpente métallique conçue par les ateliers Eiffel et poser 1 500 nouvelles ardoises sur le toit, lui aussi en piteux état. « La charpente avait été conçue pour coulisser afin de modérer la dilatation due aux variations de température, rappelle Jacques Pellegrin, directeur des travaux pour l'entreprise Comte. Mais comme les premières ardoises étaient trop petites, l'eau s'est infiltrée, la charpente a rouillé et ne pouvait plus coulisser. Cela a entraîné un écartement des murs, parfois de 30 cm. » Il faudra ensuite reprendre les trois autres tours, rénover les voûtes.
Appel aux dons des Lyonnais
Pour ce chantier qui doit durer jusqu'en 2013, la fondation Fourvière, propriétaire de l'édifice, a prévu un budget de 5 millions d'euros, dont une partie a été prise en charge par les collectivités et l'Etat. « Il nous faut encore trouver 1,3 million d'euros. Nous comptons sur les dons des Lyonnais pour sauver la basilique. C'est une tradition car la basilique avait déjà été construite grâce à des donateurs privés », indique Jean-Dominique Durand, le président de la Fondation. Les travaux de la tour de l'Observatoire, aussi appelée tour de la Prudence, ont eux coûté 750 000 €. La facture inclut la restauration de la table d'orientation, une longue pierre de lave qui cercle à 360° le haut de la tour. Elle montre la ville et le paysage tels qu'ils étaient lors de l'ouverture de l'Observatoire en 1894. Cette année-là, un particulier faisait construire à deux pas de Fourvière la tour métallique, avec restaurant panoramique. « Elle est plus haute que la basilique, mais ne se visite plus. A l'époque, ses concepteurs disaient que la science devait s'élever au-dessus des superstitions », s'amuse le père Jean-Marie Jouham. Mais du haut de la tour de l'Observatoire, le recteur de la basilique confie son « tracas ». Les projets de nouveaux gratte-ciel à la Part-Dieu (3e), dont certains culmineront à 200 m de haut, l'inquiètent. « Pas parce qu'ils risquent de dépasser la basilique. Mais cela va gâcher notre vue sur les Alpes. »