Lyon : Au pied des immeubles ou en jardin individuel, la Métropole veut démocratiser le compostage

DECHETS ALIMENTAIRES La Métropole de Lyon a prévu de nettement développer d’ici à 2026 la pratique du compostage collectif et individuel dans l’agglomération

Elisa Frisullo
Du compostage dans le jardin d'un particulier à Oullins vers Lyon.
Du compostage dans le jardin d'un particulier à Oullins vers Lyon. — E. Frisullo / 20 Minutes
  • Les composteurs collectifs et les bornes d’apport volontaires de déchets organiques vont se multiplier dans les prochaines années au pied des immeubles et dans les quartiers.
  • La Métropole de Lyon souhaite développer la pratique du compostage, dans les centres-villes, en proposant ce service aux plus près des habitants, mais aussi en aidant les riverains disposant d’un jardin à franchir le pas.

La pratique a clairement le vent en poupe chez les habitants soucieux d’agir en faveur de l’environnement. Plus encore en ces temps confinés où toute occupation au jardin est bonne à prendre. Mais pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir de maison et encore moins d’espaces verts, le compostage en milieu urbain demeure peu accessible. La métropole lyonnaise n’échappe pas à cette tendance même si ces dernières années, sous l’impulsion des collectivités, d’associations et de collectifs de riverains, des sites de compostage collectifs ont fleuri dans certaines communes et quartiers.

Huit mois après l’arrivée des écologistes à la tête de la Métropole, il n’est donc pas surprenant de voir les élus s’emparer de ce sujet sur lequel beaucoup reste à faire pour démocratiser le recyclage des biodéchets. « Aujourd’hui, 27 % de la poubelle grise sont des déchets alimentaires. On a un gros levier pour réduire ces déchets composés d’eau qui finissent incinérés », explique à 20 Minutes Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole en charge de la réduction et du traitement des déchets. C’est elle qui a notamment pour mission de « faire changer d’échelle » la pratique du compostage. Avec un objectif bien défini. « Que ce soit dans son jardin ou en habitat collectif, tout le monde doit avoir des solutions pour recycler ses déchets alimentaires ».

Des bornes d’apport volontaires dans le 7e

Pour se rapprocher de cet objectif, la Métropole a décidé d’accélérer la mise en place de composteurs de quartier et en pied d’immeuble. A ce jour, il existe 500 composteurs collectifs de ce type, financés par la Métropole, et dont bénéficient environ 60.000 habitants. « Nous remarquons une forte appétence pour ces dispositifs », précise Isabelle Petiot, dont l’ambition est d’atteindre les 1.500 composteurs collectifs installés d’ici à la fin du mandat.

En complément, des bornes d’apport volontaire de déchets organiques vont fleurir dans l’agglomération dans les zones densément peuplées. Dès le mois de septembre, une expérimentation va être menée dans l’ensemble du 7e arrondissement. Les déchets apportés par les riverains seront ensuite transférés vers des plateformes de compostage. « Cela va générer la création d’emplois locaux pour pré-trier les apports des habitants puis gérer le compostage », ajoute la vice-présidente. Une fois le test grandeur nature mené à Lyon, des bornes devraient être déployées dès 2022 dans l’Est et l’Ouest lyonnais, « pour une couverture de l’ensemble des villes et centres bourgs d’ici fin 2023 », assure la Métropole, qui a prévu d’investir 5 millions d’euros dans la création de 1.500 à 2.000 points de collecte.

Des sessions de formation

Les particuliers bénéficiant d’un jardin ne seront pas oubliés. La collectivité a aussi prévu de les aider à franchir le cap. Dès le mois de juillet, 20.000 composteurs individuels seront fournis gratuitement à ces habitants, après inscription sur la plateforme Toodego. Des formations au compostage sont également proposées gratuitement à ceux qui souhaitent transformer leurs biodéchets en engrais naturels pour les terres. Un véritable enjeu environnemental, inscrit dans la réglementation française, qui prévoit que « tous les citoyens puissent disposer d’une solution de tri à la source de ses déchets avant 2024 », rappelle la Métropole, qui voit dans cette obligation « un geste essentiel pour l’environnement ».

« Il s’agit d’un vrai geste porteur dans la lutte contre les gaz à effet de serre. Il y a un gros enjeu à pousser au retour au sol puisque le compost a un pouvoir de captation du CO2 », souligne Isabelle Petiot, convaincue de l’attente de la population en la matière. Les listes d’attente observées dans certains quartiers pour les composteurs collectifs semblent lui donner raison…