Elections municipales à Lyon: Que faut-il retenir des résultats du premier tour, quelles alliances possibles?

SCRUTIN A l’issue du premier tour des municipales à Lyon, les Verts sont arrivés en tête à Lyon, où en cas de maintien du second tour se pose déjà la question des alliances possibles

Elisa Frisullo
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Le candidat EELV Grégory Doucet est arrivé en tête à yon au premier tour des municipales.
Le candidat EELV Grégory Doucet est arrivé en tête à yon au premier tour des municipales. — KONRAD K./SIPA
  • Le premier tour des élections municipales à Lyon a été marqué par une très forte abstention.
  • Le parti EELV est arrivé largement en tête, mettant en difficulté les candidats LREM soutenus par le maire sortant de Lyon et candidat à la métropole Gérard Collomb.
  • En cas de maintien, de plus en plus improbable, d’un second tour dimanche, se pose la question des possibles alliances.

Les écologistes aux portes de la mairie de Lyon, une véritable débâcle pour le maire sortant Gérard Collomb dans l’un des fiefs de la macronie. Au lendemain du premier tour des élections municipales  à Lyon, et dans l’hypothèse, de plus en plus improbable d’un second tour dimanche, « 20 Minutes » décrypte pour vous les résultats de ce scrutin historique à plus d’un titre.

Une abstention record

Selon les résultats définitifs du scrutin, plus de 60 % des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes dimanche à Lyon, dont une grande partie sans doute en raison des craintes sanitaires liées au coronavirus. Pour autant, les candidats les moins bien embarqués pour le second tour ne se sont pas appuyés sur cette faible mobilisation pour justifier leurs positions ou la percée historique des écologistes.

Tous ou presque ont au contraire tenu à remercier dès dimanche soir les électeurs ayant voté dans ce contexte si particulier. Seule la candidate du Rassemblement national, qui n’a obtenu que 5,45 % des voix dimanche, a mis en doute « la sincérité » du scrutin. « Les résultats ne sont pas au rendez-vous. Nous avons eu un défaut de mobilisation de notre électorat. Il n'a pas voulu aller aux urnes, avec les injonctions contradictoires que donnait le président Emmanuel Macron : d’un côté aller voter, de l’autre se confiner », a souligné Agnès Marion.


Les écologistes en voie pour le Grand Chelem

Les résultats définitifs ont confirmé la très large avance des Verts au soir du premier tour avec 28,46 % pour le candidat Grégory Doucet, inconnu il y a encore quelques mois dans le paysage politique. Il remporte huit des neuf arrondissements, le 6e, arrondissement huppé de Lyon, ayant vu le maire sortant LR Pascal Blache arriver en tête. Loin derrière le candidat écologiste, Etienne Blanc, le candidat LR à la mairie et premier vice-président de Laurent Wauquiez à la région, obtient 17,01 % des suffrages. Le protégé de Gérard Collomb, l’ancien gymnaste Yann Cucherat (LREM), est crédité de 14,92 % des suffrages. Et l’ex maire de Lyon, Georges Képénékian, actuel premier adjoint et l'ancien proche de Gérard Collomb, a obtenu 11,98 % des voix, soit un score suffisant pour se maintenir au second tour.


Les équipes Collomb dans la tourmente

Dans le détail, les résultats par arrondissement confirment la mauvaise posture des équipes menées par l’ancien ministre de l’intérieur dans son fief, où il est assis dans le fauteuil de maire depuis 2001. Dans son bastion du 9e arrondissement, où il est tête de liste, Gérard Collomb obtient 22,36 % des voix, derrière Camille Augey (EELV, 30,35 %). En troisième position, on retrouve la candidate LR Karine Gaudinet Guerin (10.37). Dans le 5e arrondissement où il est tête de liste, Yann Cucherat (LREM, 19.85 %) ne fait pas mieux que son mentor. Il arrive derrière la candidate EELV Nadine George, créditée de 22.72 % des voix. Anne Prost (LR, 18.12 %) arrive en troisième position, suivie de Béatrice Gailliout (soutenue par Georges Képénékian, 16.86 %).

Et maintenant ?

La particularité du scrutin, organisé en pleine crise sanitaire du coronavirus, a clairement modifié dès dimanche soir les prises de parole habituelles des candidats au soir des élections. Pas de soirée avec les militants dans les QG, juste de courtes conférences de presse ou déclarations diffusées sur les réseaux… Et l’incertitude pesant sur le second tour n’a évidemment pas délié les langues ce lundi. Mutique dimanche soir, Yann Cucherat ne s’est toujours pas exprimé sur les résultats. Et après une brève allocution au soir des résultats, les équipes de Grégory Doucet et Georges Képénékian sont pour l’heure restées silencieuses. Difficile dans ce contexte d’évoquer les possibles alliances en vue d’un second tour. Mais tout de même quelques pistes se dessinent…

Georges Képénékian, l’homme clé ?

L’ancien fidèle de Collomb, qui a déposé une candidature indépendante aux municipales préférant rallier les « désobeisseurs », soutiens à la candidature de David Kimelfeld à la métropole et non celle du baron lyonnais, pourrait bien devenir le candidat le plus convoité dans l’entre-deux tours.

Dès dimanche, Gérard Collomb a notamment expliqué les mauvais scores de ses équipes par les divisions au sein de sa majorité qui ont marqué la campagne. Aux municipales comme aux métropolitaines. « Si on ajoutait les deux listes issues de l’ancienne majorité, on serait en tête à Lyon. Je pense qu’une erreur a été commise, a déclaré Gérard Collomb dimanche, la mine défaite. Le problème n’est pas de savoir qui l’a commise mais de constater que la division ne paye jamais et qu’on en paye les conséquences ce soir », a-t-il ajouté.

Le maire sortant pourrait bien tenter de se rapprocher de son ancien ami Georges Képénékian, dont les 12 % au premier tour pèsent lourd. Mais le principal intéressé a plutôt laissé entendre dimanche soir, à demi-mot, qu’un ralliement avec les écologistes n’était pas exclu. « Nous ne sommes pas propriétaire des voix. J’aurais besoin d’avoir un projet et une cohérence par rapport à tout ce qu’on a fait. Il faudra discuter avec les uns et les autres avec l’idée d’un rassemblement le plus large possible. Si je n’ai pas demandé d’investiture, c’est pour être totalement libre. (…) Je crois qu’il y a un rassemblement possible dans notre ville », a souligné Georges Képénékian. Et d'évoquer un travail à engager sans doute « avec les verts d’une manière un peu différente ».

Une main tendue aux écologistes déterminés « à être, pour de bon, au rendez-vous de l’histoire ». «Nous avons désormais la responsabilité historique de faire de cette ville un exemple », a déclaré dimanche soir Grégory Doucet, qui, pour confirmer la vague verte en cas de second tour, devra se rapprocher des forces de gauche Sandrine Runel (PS, PCF…) et Nathalie Perrin-Gilbert (France insoumise, Gram…) respectivement créditées de 7 % et 10,01 %.


Pour l’emporter, le candidat LR Etienne Blanc, lui, ne semble compter que sur ses troupes. L’ancien maire de Divonne-les-Bains (Ain) a, dès dimanche, appelé à faire barrage aux écologistes. « Il ne faut pas que les Lyonnaises et les Lyonnais fasse le choix d’un aventurisme qui serait dangereux pour notre ville », a déclaré Etienne Blanc, pas plus disposé ce lundi à négocier une alliance avec ses adversaires.

Contrairement aux rumeurs de rapprochement avec les listes Collomb, qui ont marqué la fin de la campagne, le candidat LR semble parti pour faire cavalier seul. «Nous avons regardé au cas par cas et nous n’avons pas vu d’intérêt à faire des alliances. Dans les arrondissements, soit nous avons une chance de gagner seuls soit nous ne sommes pas en mesure de l’emporter et une alliance, que nos électeurs ne comprendraient pas, n’y changerait rien», a souligné ce lundi auprès de nos confrères de Lyon Capitale l’entourage d’Etienne Blanc. Un engagement solide ou une prise de position destinée à rassurer ses électeurs de droite, en cas d’annulation et report du scrutin, sur une alliance possible avec les listes LREM ? Les prochains jours ou prochaines semaines nous le diront.