Lyon: Au secours des Madones

PATRIMOINE La ville compte aujourd’hui 200 statues, nichées dans les coins de rue contre 400, le siècle dernier. Une association tente de préserver cette richesse et perpétuer la tradition…

Caroline Girardon
Lyon recense environ 200 madones aux coins de ses rues, contre 400, il y a un siècle
Lyon recense environ 200 madones aux coins de ses rues, contre 400, il y a un siècle — Madones de Lyon
  • La ville de Lyon recense actuellement 200 madones dans ses coins de rue, contre 400 le siècle dernier.
  • L’association Les Madones de Lyon tente de préserver cette richesse patrimoniale.
  • Elle lance un concours pour les artistes afin d’en réaliser de nouvelles et les places dans les niches vides.

Elles trônent souvent fièrement dans leurs niches, sans que les badauds, les yeux rivés sur leurs écrans de téléphone, ne les aperçoivent. Levez le nez et vous verrez qu’elles sont de partout. Dans les anciens quartiers ouvriers, au détour d’une ruelle du Vieux-Lyon ou dans près des églises. Les madones de Lyon, patrimoine si particulier, sont aujourd’hui en danger.

Il y a 100 ans, on en comptait 400. Aujourd’hui, deux fois moins. « Les intempéries les ont abîmés. D’autres ont été enlevées ou cassées. De nombreuses niches sont aujourd’hui vides », constate Etienne Piquet-Gauthier, le président de l’association les Madones de Lyon, soucieux de préserver cette richesse et de « perpétuer cette belle tradition lyonnaise ».

Piété populaire

« Au 17ème siècle, il y a en avait sans doute presque dans chaque rue de la ville (qui se limitait aux Vieux-Lyon d’aujourd’hui et à la portion de la Presqu’île située entre Terreaux et Bellecour) », poursuit-il. « Il faut savoir que ces madones, qui étaient vraisemblablement de grande qualité artistique, ont été mises par les Lyonnais eux-mêmes. Il ne s’agit pas d’une campagne menée à l’époque par le diocèse. Les habitants, qu’ils soient ouvriers ou bourgeois, avaient un attachement à la Vierge Marie, liée à l’histoire de la ville. Il y avait une piété populaire. Les petits immeubles modestes avaient aussi leur madone ».

Concours pour les artistes

Pour sauver ce patrimoine en danger, l’association avait monté en 2009 un programme d’aide aux propriétaires, qui souhaitaient restaurer leurs madones. Avec l’aide de la ville. Neuf ans plus tard, elle lance un concours à destination des artistes en leur proposant de réaliser deux sculptures à taille humaine. L’association déboursera entre 10.000 et 15.000 euros pour chaque pièce. « Nous faisons également fabriquer des petites statues avant de proposer aux propriétaires d’immeubles de venir les installer », ajoute Etienne Piquet-Gauthier qui incite les Lyonnais ayant récupéré une Madone, à se faire connaître.

« L’autre jour, nous avons été contactés par une dame de 90 ans, habitant Villefranche. Elle avait une statuette en sa possession depuis l’âge de 9 ans. Elle nous a raconté que son père déblayait les rues de Lyon en 1944 après un bombardement. Il avait alors trouvé et ramassé une petite statue de quarante centimètres et l’avait offerte à sa fille, qu’elle avait toujours conservée jusque-là ».