Déserts médicaux: les jeunes généralistes veulent se faire entendre à l'approche de la présidentielle

SANTE Les jeunes médecins généralistes lancent une série de propositions, s’appuyant sur des solutions qui fonctionnent déjà…

Caroline Girardon
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Illustration: Un cabinet médical.
Illustration: Un cabinet médical. — VALINCO/SIPA

Comment lutter contre les déserts médicaux ? La question est récurrente depuis quelques années. Les jeunes médecins généralistes regroupés au sein du syndicat ReAGJIR, lancent une série de propositions à l’approche de l’élection présidentielle. Ils ont pour cela dressé le bilan des solutions qui fonctionnent et de celles qui pourraient marcher en région Auvergne-Rhône-Alpes.

« Les jeunes ont le désir de s’installer en zone rurale ou semi-rurale alors que la perspective de travailler dans un cabinet en ville les attire beaucoup moins », constate Marion Chauvet, généraliste en Savoie, tordant ainsi le cou aux idées reçues. Le problème : « C’est souvent compliqué notamment en raison du travail de leur conjoint », précise la jeune femme.

Cadre de vie et éloignement professionnel

Mais cette raison n’est pas le seul frein à leur installation. Le cadre de vie pèse beaucoup dans la balance. « Lorsque vous êtes en charge d’une famille, il est difficile d’aller vivre dans une zone dépourvue de crèches, d’écoles ou de petits commerces », explique le médecin. L’éloignement professionnel joue aussi.

« Il est plus aisé de travailler à plusieurs afin de répondre aux besoins de la population », constate Marion Chauvet, lançant l’idée d’ouvrir des « cabinets secondaires » dispatchés dans les communes voisines dans lesquels les médecins pourraient se rendre deux à trois fois par semaine, en plus d’assurer les consultations dans leurs cabinets principaux.

Faciliter le déplacement des patients

« Pourquoi pas confier certains soins à d’autres professionnels de santé qui savent le faire, ce qui permet de dégager du temps médical au profit de plus de patients », interroge à son tour Sophie Augros, présidente de RéAGJIR. L’idée serait ainsi de demander à des infirmières de prendre les constantes des patients (le poids, la tension etc.) afin de faire gagner du temps aux praticiens.

Autre solution prônée : faciliter le déplacement des patients. « Un médecin qui doit effectuer une visite à domicile à 20 kilomètres, passe une heure et demie sur le terrain. Amener les patients directement au cabinet lui permettrait d’effectuer cinq consultations dans le même temps », analyse Marion Chauvet.

Enfin, les généralistes le reconnaissent volontiers : si certains appréhendent d’aller travailler en campagne, c’est qu’ils sont mal couverts, notamment les remplaçants. « Ils sont pourtant indispensables pour assurer la continuité des soins. En Auvergne-Rhône-Alpes, ils sont 20,5 % à exercer en remplacement. Preuve de leur rôle incontournable, ces jeunes professionnels (âge moyen autour de 31 ans) remplacent en moyenne 6,1 généralistes par an », souligne Sophie Augros.

Pour une meilleure prévoyance

Afin de ne pas « les dégoûter d’exercer en libérale », le syndicat plaide pour une « meilleure prévoyance ». « Ce n’est pas une question d’argent mais de prise en charge des risques, tranche Marion Chauvet. Une femme médecin enceinte ou un médecin qui vient d’avoir un accident, n’ont pas la certitude d’avoir suffisamment d’indemnités journalières. C’est encore plus compliqué pour les remplaçants ».

A ce propos, le syndicat salue le contrat Praticien Médical Territorial de Remplacement, (prévu dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2017) qui devrait permettre aux zones sous-dotées d’accueillir des remplaçants pour une durée déterminée moyennant la garantie d’un revenu minimum et une aide à la gestion.