Lyon: Incompréhension après la fermeture de places grand froid dédiées aux sans-abri

HÉBERGEMENT D'URGENCE Les 350 places ouvertes, en janvier, en pleine vague de froid, ferment cette semaine...

Elisa Frisullo
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Lyon, le 4 Janvier 2017
En raison d'une période de grand froid, la Préfecture du Rhône a réquisitionné le gymnase Chanfray dans le quartier de la Confluence, afin d'accueillir les SDF et familles sans-abris.
Lyon, le 4 Janvier 2017 En raison d'une période de grand froid, la Préfecture du Rhône a réquisitionné le gymnase Chanfray dans le quartier de la Confluence, afin d'accueillir les SDF et familles sans-abris. —

Ils dénoncent « une politique du thermomètre » et un « manque de volonté politique ». Des associations d’aide aux sans-abri et le collectif des professionnels de l’urgence sociale se sont indignés ce week-end à Lyon de la fermeture annoncée des gymnases ouverts aux plus démunis en janvier, lors de la vague de grand froid.

En raison de la hausse des températures, la préfecture du Rhône a en effet décidé de fermer progressivement cette semaine les 350 places grand froid mobilisées dans le département ces dernières semaines. Les gymnases Chevreul et Bellecombe sont les premiers à être concernés dès ce lundi.


« Avec le redoux, le plan grand froid prend fin. Les citoyens sont moins inquiets. Les projecteurs se détournent du sort des personnes sans-abri. Les gymnases ferment », indiquent, laconiques, les professionnels de l’urgence sociale qui s’étaient mis en grève le 19 janvier pour dénoncer « le manque cruel de places d’hébergement dans le département ».

Une centaine de personnes accueillie en gymnase sans solution

Le Mrap, tout aussi inquiet du sort qui sera réservé aux 350 personnes encore accueillies ces derniers jours dans les gymnases, ne décolère pas. Il « dénonce le cynisme de la préfecture qui appelle les citoyens à se montrer vigilants sur la situation des personnes fragiles et démunies uniquement lorsque la température est négative ».

Selon la préfecture, sur les 350 personnes dénombrées au 1er février dans les établissements ouverts en urgence, 98 sans-abri vulnérables ont été transférés dans des centres d’hébergement d’urgence et 80 dans des Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA). Une trentaine de personnes, dont trois familles albanaises, devraient également bénéficier de l’aide au retour. Pour une centaine de SDF, les « diagnostics » menés par les services de l’Etat se poursuivent pour tenter de trouver une solution de mise à l’abri.

Le 115 saturé, de nombreux sans-abri à la rue chaque nuit

Ces précisions ne devraient toutefois pas suffire à calmer l’inquiétude des professionnels de l’urgence sociale, confrontés au quotidien à des personnes sans solution d’hébergement. Selon eux, la semaine passée, 8.000 demandes d’hébergement étaient en attente à la maison de la veille sociale et sur 2.228 demandes adressées au 115, 1.833 sont restées sans réponse.

« Cela ne veut pas dire 1.833 personnes qui sont à la rue. Certains appellent le 115 pour avoir une solution d’hébergement mais sont accueillis chez un tiers. Il y a plusieurs situations derrière ces chiffres », réagit ce lundi la préfecture du Rhône, rappelant que depuis cinq ans, le nombre de places en hébergement pérenne a progressé de 73 % dans le Rhône.

Chaque nuit pourtant, des centaines de personnes dorment encore à la rue, selon les travailleurs sociaux et associations qui réclament « une politique de l’hébergement ambitieuse, la réquisition des bâtiments publics et la fin de la mascarade des chiffres ».