Anorexie: Lyon enfin dotée d’un centre de référence des troubles du comportement alimentaire

SANTE En moins d’un an, trois cents enfants, adolescents et adultes ont été accompagnés…

Elisa Frisullo
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Lyon est doté depuis 2016 d'un centre de référence des troubles du comportement alimentaire (TCA). Illustration.
Lyon est doté depuis 2016 d'un centre de référence des troubles du comportement alimentaire (TCA). Illustration. — J. Saget / AFP

Il y a un an et demi, Marine, 16 ans, a été diagnostiquée anorexique. Mais avant de comprendre le mal qui la rongeait, cette adolescente lyonnaise et ses parents ont écumé les cabinets médicaux. « C’est finalement une diététicienne qui a posé le diagnostic et nous a orientés vers le Centre de référence des troubles du comportement alimentaire [TCA] des Hospices civils de Lyon », témoigne sa maman, Valérie.

Présentée ce jeudi à la presse, cette structure a été créée il y a un moins d’un an dans l’aile A1 de l’hôpital Femme-Mère-Enfant de Bron. Douze diététiciennes, psychiatres, pédopsychiatres, pédiatres, infirmières, nutritionnistes, endocrinologues ont déjà accueilli deux cents adultes et une centaine d’enfants, originaires de l’Ain et du Rhône, au sein du centre TCA. Un lieu qui faisait cruellement défaut aux HCL, pourtant deuxième CHU de France.


Une prise en charge complexe

Jusqu’alors, les patients étaient pris en charge dans différents services, mais les activités « étaient éclatées, séparées. Il n’y avait pas de référent », indique Noël Peretti, professeur en nutrition pédiatrique et coordinateur du centre. La nécessité de créer une telle structure pluridisciplinaire était d’autant plus forte que la prise en charge de ces troubles, comme l’anorexie ou la boulimie, est difficile. « Elle est compliquée car elle relève à la fois du physique et du psychique », ajoute le professeur.

Le centre, accessible uniquement sur rendez-vous, ne traite pas les patients. « Notre rôle est de les aider, de confirmer le diagnostic, de faire un bilan d’évaluation de leur état de santé, de les accompagner et de les orienter vers les traitements adaptés », complète Pierre Fourneret, chef du service de Psychopathologie du développement à l’HFME et responsable du centre de référence.

Former et sensibiliser les médecins de ville

La structure a également pour mission de former les professionnels de santé à ces pathologies et de créer un réseau de praticiens libéraux sensibilisés aux troubles du comportement alimentaire. Et ce, afin d’améliorer leur prévention et leur prise en charge.

Un point essentiel pour Valérie, qui a connu « l’errance », écumant les cabinets de différents pédopsychiatres et autres médecins. « Marine avait perdu treize kilos en trois mois et n’avait plus ses règles. Pourtant, notre médecin traitant n’a pas identifié la maladie », raconte Valérie. « Avant d’arriver au centre, j’ai eu du mal à me faire écouter par les médecins que j’ai vus. Ici, on m’a regardée comme une personne pas comme une maladie. Il y a vraiment eu une compréhension que je n’ai pas trouvée ailleurs et aucun jugement », ajoute Marine, dont le traitement n’a vraiment commencé qu’une fois sa pathologie acceptée.

Des pathologies graves dont on peut guérir

« Au début, on est dans le déni. Pour moi, le déclic a été lorsqu’on m’a dit que je devrais être hospitalisée, loin de ma famille et de mes amis si je continuais à maigrir, et que je pourrais avoir du mal à avoir des enfants », témoigne la jeune fille.

Les troubles du comportement alimentaire concernent 1 % des 16-25 ans et plus de 2 % des enfants et adultes. « C’est loin d’être anecdotique. Ce sont des pathologies graves, dont on peut guérir, mais qui peuvent aussi engager le pronostic vital, notamment lorsque les restrictions alimentaires entraînent un fort amaigrissement », ajoute Pierre Fourneret.

Pour l’anorexie, le taux de mortalité est de 7 à 10 %.