Suicide de l'ex-directeur de Villefontaine: «J'ai la rage», confie le père d'une jeune victime
PÉDOPHILIE Les familles de victimes attendaient le procès de l'enseignant soupçonné de pédophilie pour pouvoir se reconstruire...
La nouvelle les a replongés dans l’horreur. Un peu plus d’un an après la mise en examen du professeur de leur petite fille, soupçonné du viol de dizaines d’enfants à Villefontaine en Isère et dans le Rhône, Sébastien Lopez a appris ce mardi matin le suicide de l’ancien directeur du Mas-de-la-Raz Romain Farina.
« J’ai la rage, je suis en colère. Je ne comprends pas qu’il ait pu se suicider. Il avait déjà essayé en août, il aurait dû être surveillé, cela n’aurait pas dû se produire », confie à 20 Minutes ce père de famille, dont l’une des filles, scolarisée en CP en 2015 dans la classe du directeur fait partie des écoliers abusés.
« Je n’en peux plus de ce je-m’en-foutisme des institutions. Pour entamer notre pseudo-reconstruction, on avait besoin qu’il soit condamné. Là il n’y aura pas de condamnation, donc c’est compliqué. Son suicide nous a remis un coup », ajoute ce père de famille qui a créé récemment l’association d’aide aux enfants victimes de pédophilie.
«L'Etat ne fait pas son travail»
Au retour d'école de ses enfants, ce mardi midi, il a dû en parler à ses filles. « Je leur ai expliqué. Je crois qu’elles ont bien compris », ajoute ce père de famille, qui, dans le cadre de ce scandale pédophile, a déposé des recours contre les ministères de la Justice et de l’Education. Car pour lui comme pour d’autres parents d’enfants victimes, des dysfonctionnements de l’administration ont permis à Romain Farina de rester au contact d’enfants des années durant, malgré une condamnation en 2008 pour détention d’images à caractère pédopornographique.
« Aujourd’hui, après ce suicide, j’envisage de déposer un autre recours contre l’Etat pour faute lourde. Notre institution ne fait pas son travail. Nous voulons que le Président de la République et que le Premier ministre viennent nous rencontrer. Nous avons besoin de savoir ce qui s’est passé, nous avons besoin d’avoir enfin des réponses », ajoute Sébastien Lopez.
La ministre de l'Education réagit
«Cette fin terrible leur interdit d'avoir des réponses», a commenté de son côté ce mardi la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, évoquant «un nouveau traumatisme».
Un peu plus tôt, le ministère de la Justice avait indiqué qu'une enquête avait été confiée au parquet de Lyon pour établir les circonstances exactes de ce décès. «L’individu faisait l’objet d’une surveillance particulière, ayant déjà tenté de se suicider», avait précisé dans un communiqué le ministère, «absolument déterminé à faire la lumière sur les circonstances» de ce suicide.