VIDEO. Radicalisation: Un centre créé à Lyon pour les jeunes et leurs familles

SÉCURITÉ La secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de l'Enfance Laurence Rossignol a visité cet institut ce lundi...

Elisa Frisullo
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Lyon, le 1er février 2016. La secrétaire d'état à la Famille et à l'Enfance Laurence Rossignol a visité ce lundi un centre d'aide et de prévention aux risques de radicalisation des jeunes.
Lyon, le 1er février 2016. La secrétaire d'état à la Famille et à l'Enfance Laurence Rossignol a visité ce lundi un centre d'aide et de prévention aux risques de radicalisation des jeunes. — E. Frisullo / 20 Minutes

Le dispositif a été créé il y a quatre mois dans la plus grande discrétion dans un centre dont l’adresse est tenue secrète par mesure de précaution. La secrétaire d’Etat en charge de la Famille et de l’Enfance Laurence Rossignol était en visite à Lyon ce lundi matin pour découvrir l’un des centres de formation, de documentation, d’accompagnement et de recherche chargé depuis septembre 2015 d’aider et de prévenir les risques de la radicalisation des jeunes.

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Depuis, ce lieu animé par des sociologues, psychologues et éducateurs, a accueilli vingt-cinq personnes, des parents, proches et des jeunes en voie de radicalisation. Avant d’arriver jusqu’ici, ces familles sont toutes passées par la cellule de signalement (numéro vert) mise en place par le ministère de l’Intérieur à destination des proches de personnes en voie ou déjà radicalisées.

Une évaluation du risque

« Il y a alors une évaluation de la situation, pour déterminer s’il y a un risque de passage à l’acte, de départ pour le théâtre de lieu d’opérations ou s’il y a un risque pour la métropole de Lyon », indique Gérard Gavory, préfet délégué pour la Défense et la Sécurité dans le Rhône. En fonction de la situation, certaines familles sont orientées vers différentes structures pour bénéficier d’un suivi social.

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Intégré dans ce dispositif, le centre d’accompagnement et de prévention de Lyon agit à destination des familles, des jeunes signalés mais également des professionnels (travailleurs sociaux, assistantes sociales, éducateurs…) en contact avec eux.

Des changements de comportement repérés par les parents

« En premier lieu, nous réunissons et nous rencontrons les familles pour lesquelles il est souvent compliqué de révéler ce qu’elles ont découvert de manière parfois fortuite. Elles ont surpris une conversation de leur enfant ou ont remarqué des changements qui leur ont permis de repérer ce qui se passait », indique la coordinatrice du dispositif de prévention des risques.

« Par exemple, leur enfant ne veut plus participer aux repas de famille, refuse qu’il y ait du vin à table ou n’accepte plus que l’on se fasse la bise », détaille la responsable. Le centre accompagne ces familles souvent isolées, organisent des échanges avec d’autres parents concernés et les aide à dire à leur enfant, sans risque de créer une autre rupture, qu’elles l’ont signalé. Une fois celui-ci averti, les personnels vont le rencontrer lorsqu’il accepte, dans des lieux publics et anonymes la plupart du temps, comme des centres commerciaux, des jardins, des cafés, ou prennent contact avec lui par téléphone.

Des jeunes aux profils multiples

« Ces jeunes radicalisés ou en cours de radicalisation sont convaincus qu’ils détiennent la vérité et que nous sommes dans l’erreur. Ils n’ont rien demandé et n’ont pas envie de rompre avec ce qui, selon eux, les a sauvés », ajoute la coordinatrice, qui accueille ces personnes aux profils très diversifiés.

« Il n’y a évidemment pas de profils types. Ce sont des gens issus de toutes catégories professionnelles, de la classe moyenne pour la plupart. Dans le Rhône, les deux tiers sont des jeunes femmes, la moitié est mineure, 50 % sont adultes. Ce sont souvent des personnes qui travaillent bien à l’école, n’ont pas une histoire familiale très compliquée et qui ne posent pas spécialement de problème à leurs parents », ajoute-t-elle.

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Pour éviter d’isoler davantage le jeune signalé, l’un des enjeux est de maintenir le lien qu’il entretient avec ses proches. « La famille, c’est le meilleur acteur de la lutte contre l’embrigadement. C’est la structure qui va ramener le jeune à ce qu’il était avant, à sa singularité et à ces liens affectifs », indique le secrétaire d’Etat.

Déconstruire les fausses idées sur la religion

Pour aider les familles à comprendre ce qu’elles traversent et intervenir auprès des jeunes, des tables rondes, des entretiens individuels et des soirées débats sont organisés. Un imam de la métropole intervient notamment lors de ces temps d’échanges.

« Il y a une colère et une injustice de certains jeunes qui va se traduire par une forme de radicalisation. Ils se cachent alors derrière la religion. Notre objectif c’est de réorienter la jeunesse à travers les fondamentaux de l’islam, de déconstruire les fausses idées qu’ils ont sur la religion, avec un apport crédible, et en les réconciliant avec la citoyenneté », confie l’imam.

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Maîtriser le numérique

Pour lutter contre la radicalisation, les professionnels doivent également investir le numérique, un terrain sur lequel ces jeunes passent le plus clair de leur temps. « Ils se renferment et pourtant ils sont en contact via internet et les réseaux sociaux avec des interlocuteurs dont nous ignorons tout », ajoute un éducateur. Le centre travaille donc sur la création d’une plateforme interactive destinée à toucher ces jeunes, en discutant avec eux via des forums, «pour mieux les comprendre et introduire chez eux une forme d’auto questionnement, de doute ».

Dans le Rhône, depuis septembre 2014, 247 signalements de radicalisation ou de départs pour la Syrie ont été faits via la plateforme téléphonique. Sur ces personnes, 61 font actuellement l’objet d’un suivi, selon la préfecture.