Saint-Étienne: Hors-la-loi pour avoir offert 116 jours de RTT à leur collègue

SOCIAL Les salariés de l'entreprise Gibaud ont voulu aider leur collègue à s'occuper de sa fille, très gravement malade...

Caroline Girardon
Carte de situation de Saint-Etienne (Loire).
Carte de situation de Saint-Etienne (Loire). — Google Maps

«C'est aberrant». Ils ont voulu faire preuve de générosité. Ils se retrouvent finalement dans l'illégalité. Les salariés de l'entreprise Gibaud, l'un des leaders mondiaux du textile médical ne cachent pas leur colère.

116 d'entre eux ont décidé d'offrir à l'une de leurs collègues un jour de RTT. Soit au total 5 mois pour s'occuper de sa fille, Audrey âgée de 31 ans, très gravement malade. Andrée Sasse, âgée de 58, travaille depuis 39 ans à la confection dans l'entreprise. «Elle est très appréciée», souligne-t-on du côté de la direction.

«Très touchée»

«Au départ, ce sont ses 14 collègues directes qui lui ont tous offerts un jour, raconte Alison Baudouin, chargée de la communication. Je l'ai su. J'en ai parlé au directeur général qui a tout de suite proposé à l'ensemble des salariés de faire le même geste.»

«Cela m'a énormément touché, ça m'est allé droit au cœur, raconte Andrée Sasse, la voix brisée par l'émotion. Surtout, que je n'étais pas au courant. Mes collègues ont fait ça pendant mes vacances».

De fait, elle a déjà pu poser deux semaines pour s'occuper d'Audrey, opérée il y a quelques semaines à Lyon d'une récidive de cancer et prendre soin également de Lola, sa petite fille. «Ma fille est épuisée par les chimios. Ça me stresse, confie sa maman. Mais être à ses côtés lui permettra de surmonter ça et d'aller mieux.»

Loi Mathys

Mais en voulant bien faire, les salariés de Gibaud se sont mis dans l'illégalité. La loi Mathys du 9 mai 2014 permet en effet le don de jours de repos à un parent d’un enfant gravement malade... à condition que l'enfant soit âgé de moins de 20 ans! Une situation que ne comprend pas Andrée Sasse.

«Que vous ayez 10 ans, 20 ans ou plus, la fatigue est la même, réagit-elle. On a toujours besoin de quelqu'un à ses côtés pour être soutenu et épaulé au quotidien. Et puis, quel que soit leur âge, ils restent nos enfants!»

Du côté de l'entreprise, la réaction est la même. «Chaque salarié a rempli une attestation écrite, affirmant qu'il assumait d'être hors-la-loi», indique Alison Baudoin précisant que l'entreprise, qui ne connaît pas encore les risques encourus, serait prête à payer une amende pour aller au bout de la démarche.