«Ça a été une chance, la fin de l'enfer»

Elisa Riberry
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Il y a un an, Fericira Miclescu vivait avec ses trois enfants dans les sous-sols d'une église de Gerland. Mais, depuis juillet, cette mère célibataire, originaire de Craiova (Roumanie), est installée dans un vaste appartement de Bron et travaille à Lyon comme couturière. Une vie normale dont elle rêvait depuis toujours sans oser y croire. L'automne 2011 marque un tournant pour cette famille rom. Après avoir écumé pendant trois ans les squats et bidonvilles du Grand Lyon, elle croise le chemin de Mathieu Thouvenot, curé de la paroisse de Gerland. «On lui doit beaucoup. Il a fait toutes les démarches auprès des autorités», explique cette femme de 35 ans, intégrée en 2012 comme une minorité d'autres Roms dans le dispositif d'insertion Andatu porté par le préfet. «ça a été une chance, la fin de l'enfer, explique Fericira, qui n'a rien oublié du froid, de la misère des squats et des journées à mendier. Je faisais la manche avec mes enfants pour ne pas les laisser seuls. J'en pleurais de devoir faire ça. Je volais aussi», raconte cette femme, dont la famille mange désormais à sa faim. «La vie a totalement changé», confirme son amie Simona, qui vient d'emménager dans un T4 à Saint-Priest avec son mari et leurs enfants.



Une vie normale



Les petits vont à l'école. Rémus, son époux, a décroché un CDD de jardinier aux espaces verts de la ville de Lyon. En attendant de trouver un emploi, Simona, 32 ans, suit les cours de français dispensés par Forum Réfugiés. «Partout, les Tsiganes vivent dehors, on n'imaginait pas autre chose. Mais aujourd'hui, on a un quotidien normal, avec les mêmes préoccupations que tout le monde : payer le loyer, l'électricité…». Ses rêves aussi ont évolué. «J'espère que nos enfants vont pouvoir faire quelque chose de leur vie», confie Simona. Chez les Miclescu, Iosif, 13 ans, veut devenir mécanicien. Lorenza, 16 ans, « adore la mode et rêve d'être vendeuse ». Cette famille est d'autant plus déterminée qu'elle sait que beaucoup envient leur place. Début 2013, 150 Roms ont intégré Andatu 2. «Mais ma sœur vit toujours dehors avec ses enfants. C'est ma plus grande tristesse », ajoute Fericira.

■  la moitié des adultes en poste ou en formation ■ Sur les 40 adultes suivis par Forum réfugiés, 17 n'avaient aucune maîtrise du français. L'heure est donc davantage à l'apprentissage de la langue qu'à la recherche d'emploi. Pour les autres, 9 sont en poste (aide à la personne, entretien, manutention...) et 10 sont en formation et recherche d'emploi. Côté logement, seules deux familles sont encore en attente de solution .