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Connaissez-vous l’histoire d’Hans le malin, le cheval qui savait compter ?

ANIMAUX Au début du XXe siècle, le cas d’un cheval doté d’une intelligence surprenante devient célèbre à travers l’Europe et suscite des débats houleux au sein de la communauté scientifique. Hans le malin était-il si savant que le prétendait son maître ?

Pauline Payen pour Le Monde des Animaux
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Le professeur Wilhelm von Osten et son cheval Hans
Le professeur Wilhelm von Osten et son cheval Hans — DR / Wikimedia Commons

L’histoire d’Hans le malin débute avec le Berlinois Wilhelm von Osten, un professeur de mathématiques déterminé à prouver que l’intelligence animale est bien supérieure à ce qu’en pensent les scientifiques de l’époque. Pour mener à bien son étude, Wilhelm von Osten constitua une “classe” de mathématiques avec trois animaux : un chat, un ours et un cheval prénommé Hans. Si le chat et l’ours restèrent de marbre face aux nombres, le cheval fut apparemment réceptif. Après un peu d’entraînement, Hans montra des compétences étonnantes : il savait “lire” des nombres écrits au tableau, en tapant son sabot au sol. Quand Wilhelm von Osten écrivait un 3, l’étalon tapait trois fois. Emballé par ces exploits, le professeur poussa son élève encore plus loin, l’entraînant dans divers problèmes arithmétiques élémentaires, mêlant nombres et symboles mathématiques. Hans parvint rapidement à répondre correctement à une grande variété d’exercices, incluant des racines carrées et des fractions. Wilhelm von Osten en était désormais convaincu : son étalon était la preuve même de l’intelligence animale.

Le succès d’Hans le malin

À partir du 1891, le professeur décida d’exhiber les prouesses d’Hans dans toute l’Allemagne, le baptisant “Hans le malin” (Kluger Hans, en allemand). Le succès ne se fit pas attendre. Hans avait appris à répondre à des questions verbales, toujours avec son sabot, à compter le nombre de personnes dans le public, à effectuer des opérations, à lire l’heure et même à épeler des mots en remplaçant les lettres par un nombre de coups de sabot en fonction de leur place dans l’alphabet. Évidemment, il se trompait parfois, mais la majeure partie de ses réponses étaient exactes… et bluffantes. On estima son intelligence comparable à celle d’un adolescent de 14 ans. Et le New York Times en fit même sa Une !

Une histoire vraie ou truquée ?

Dès lors, la controverse autour du cas d’Hans le malin fut telle que le Conseil d’éducation de Berlin décida de créer une commission pour certifier les performances intellectuelles du cheval ou déjouer une éventuelle supercherie. En 1904, la “commission Hans” réunit treize experts qui, après plus d’un an d’observation, décrétèrent qu’il n’y avait pas de fraude.

Le dossier fut par la suite confié au jeune psychologue Oskar Pfungst, qui procéda autrement, une grande tente occultante, afin d’éliminer tous stimuli extérieurs. Oskar Pfungst nota des faits intéressants : quand l’interrogateur s’éloignait d’Hans, celui-ci avait plus de mal à donner une réponse juste. Et lorsque l’interrogateur était totalement hors de son champ de vision, ou que l’interrogateur lui-même ne connaissait pas la réponse à la question posée, l’étalon savant récoltait un zéro pointé. Le psychologue poursuivit ses observations en s’attardant ensuite sur les interrogateurs face à Hans : inconsciemment, ces derniers changeaient de posture et d’expression à mesure que les coups du cheval approchaient la bonne réponse, laissant deviner une sorte de tension. Tension qui disparaissait à l’instant même où le résultat était atteint – ce qu’Hans semblait interpréter comme la consigne de cesser ses coups – et qui était absente lorsque l’interrogateur ignorait la réponse, laissant Hans sans indice.

Un cheval malgré tout très intelligent

Si les observations d’Oskar Pfungst révélèrent que le cheval n’y connaissait finalement rien en mathématiques, elles prouvèrent cependant qu’il était doué d’une très grande sensibilité au langage corporel inconscient des humains, une capacité que l’on reconnaîtra chez beaucoup d’autres espèces par la suite. Aujourd’hui, l’“effet Hans le malin” désigne, en psychologie, le fait de transmettre des signaux subtils involontaires lors des interactions sociales.

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Le Monde des Animaux & de la nature est un magazine trimestriel. - Le Monde des Animaux n°46

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