
Les animaux se font-ils la guerre ?
ANIMAUX La plupart des animaux ne pratiquent pas la guerre car elle présente plus d’inconvénients que d’intérêts. Ce n’est toutefois pas le cas de toutes les espèces.
Comme l’explique Loïc Bollache, auteur et professeur d’écologie, à Yolaine de la Bigne, la plupart des animaux ne pratiquent pas la guerre car elle présente plus d’inconvénients que d’intérêts. Ce n’est toutefois pas le cas de toutes les espèces.
Chez les animaux, la guerre telle qu’elle est pratiquée chez l’espèce humaine est beaucoup moins fréquente et apparaît rarement, tout simplement parce qu’il n’y a pas d’intérêt primordial. Un animal territorial, tel qu’un lion ou un tigre, va marquer son territoire pour prévenir les autres qu’ils entrent chez lui. Ce marquage permet d’éviter le conflit. Tous les animaux développent des stratégies visant à éviter d’entrer dans une compétition physique pour sa simple raison que la violence est toujours risquée. Ainsi, même chez le lion le plus fort de la savane, une blessure à une patte peut le conduire à la mort en quelques jours puisqu’elle va l’empêcher de chasser, ou risquer de s’infecter. Les animaux ont ainsi développé toutes sortes de stratégies pour éviter cette violence “gratuite” que l’on peut voir chez l’espèce humaine.
La guerre des chimpanzés
La guerre que peuvent se livrer les chimpanzés est redoutablement efficace et cette découverte a énormément choqué. Lorsque Jane Goodall y a assisté pour la première fois en 1974, elle a eu du mal à le croire. Elle s’est par la suite aperçue que ce n’était pas anecdotique, que c’était quelque qui revenait assez régulièrement.
Le chimpanzé est un animal territorial qui défend âprement son territoire, voire essaie de voler un morceau de celui du groupe voisin. À l’origine de la guerre se trouve la volonté d’acquérir un territoire plus grand pour accéder à davantage de ressources alimentaires, ou potentiellement à plus de femelles. Il arrive en effet que les chimpanzés kidnappent des femelles pour les intégrer à leur propre groupe. C’est quelque chose qui nous parle beaucoup parce que nous en avons quelques exemples célèbres dans notre histoire, comme l’enlèvement des Sabines.
Les chimpanzés sont des animaux extrêmement bien organisés. Avant que le conflit éclate, certains individus espions vont jusqu’à la limite des territoires afin de déterminer qui chez les ennemis est présent ou non. Lorsqu’ils se décident à agir, leur comportement change totalement : ils deviennent silencieux et ils marchent en file indienne en plaçant les individus les plus expérimentés devant. Ils attaquent ensuite sauvagement l’autre groupe, tuant les individus sur lesquels ils tombent. Cette violence nous saute aux yeux, mais elle n’est que le reflet d’une compétition pour les ressources dans le monde sauvage.
Les fourmis légionnaires
La stratégie de prédation ou d’accession à la nourriture des fourmis légionnaires est une stratégie guerrière. Elles fonctionnent comme un prédateur. Il ne s’agit pas d’un lion qui capture une gazelle, mais de dizaines de milliers de fourmis qui vont, par vagues entières, trouver une proie (un insecte, un invertébré, un petit vertébré…) et lui sauter dessus pour la dévorer vivante.
Chez les fourmis, il existe un système de castes avec des individus munis d’attributs bien particuliers, que ce soient des armes physiques, comme de plus grosses mandibules, ou des armes chimiques, pour pouvoir projeter des substances chimiques sur l’adversaire. En fonction des espèces, il y a des castes armées plus ou moins importantes.
La guerre la plus évidente chez les fourmis est celle qu’elles mènent contre les termites, car deux stratégies très différentes s’opposent. Les termites sont beaucoup plus gros et ont de gros soldats qui ressemblent presque à des chars d’assaut, alors que les fourmis ont plutôt des milliers de fantassins.
Cet article vous a plu ? Retrouvez le magazine "Le Monde des Animaux" en kiosque et sur monmag.fr (versions papier et numérique, et abonnements).
Le Monde des Animaux & de la Nature est un magazine dédié à la faune et à la flore sauvages du monde entier. À travers des histoires captivantes et de sublimes photographies, le magazine offre un véritable safari visuel au cœur de la nature.