
Animaux dits “nuisibles” : Pourquoi sont-ils si mal aimés ?
ANIMAUX Nuisibles, vous avez dit nuisibles ? Plusieurs espèces sont dans le collimateur de l’État français, considérées comme nuisibles pour des raisons variées. Partez à la rencontre de ces animaux mal aimés et bien souvent victimes d’injustices.
Une espèce animale pouvait auparavant être qualifiée de “nuisible” selon plusieurs conditions :
- une espèce non indigène en Europe, et donc considérée comme invasive. Elle est jugée nuisible sur l’ensemble du territoire métropolitain français et a été introduite de manière volontaire ou accidentelle.
- une espèce considérée comme nuisible dans tous les départements de métropole sauf Paris (75) et la Corse qui bénéficie d’un statut particulier en raison de son insularité. Il est également prévu des modalités de destruction de ces animaux, comme les pièges ou le déterrage.
- une espèce susceptible d’être classée comme nuisible par arrêté préfectoral annuel. Des “destructions administratives” et des opérations de chasse ponctuelles (tirs de nuit, cages-pièges, battues…) peuvent alors être prévues.
Depuis 2019, ces conditions sont remplacées par la liste, les périodes et les modalités de destruction des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts.
Nuisible pour qui ?
Aucun animal n’est nuisible tout seul, puisque la notion de nuisance est forcément relative. En règle générale, la loi considère des animaux comme nuisibles lorsqu’ils menacent la population humaine ou les écosystèmes nationaux. Pour décider qu’une espèce est nuisible, le ministère de l’Écologie doit se fonder sur l’un des motifs suivants : l’intérêt de la santé et de la sécurité publiques, la protection de la flore et de la faune, la prévention des dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles, et la prévention des dommages importants à d’autres formes de propriété. Il est évidemment impossible de classer comme nuisibles des espèces protégées.
Les dommages aux biens matériels suscitent de nombreux débats, une grande partie des amoureux de la nature estimant qu’il s’agit d’un faux problème et que les biens commerciaux ne devraient pas être pris en compte en matière d’environnement. Toutefois, les conséquences pour les animaux qui entrent en concurrence avec les espèces locales posent un problème assez clair, les solutions préconisées par l’État ne faisant pas l’unanimité pour autant. La question des espèces nuisibles indigènes est plus délicate et nettement moins consensuelle. Il s’agit en effet de quantifier les dégâts que causent des animaux en particulier sur d’autres ou sur la flore, sur un territoire qui est le leur, ce qui est loin d’être évident.
Des associations tentent de protéger les animaux classés comme nuisibles, comme l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) ou Animal Cross. Elles s’insurgent contre la destruction systématique d’animaux en toute légalité, toute l’année et sans quotas. De plus, elles rappellent que la notion de “nuisible” est purement administrative et n’a pas de sens d’un point de vue biologique. À travers des campagnes de sensibilisation, des pétitions et parfois des opérations de sauvetage sur le terrain, elles cherchent non seulement à protéger ces animaux considérés comme indésirables, mais aussi à les réhabiliter auprès des Français.
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