
Pourquoi le dodo a-t-il disparu ?
ANIMAUX L’extinction du dodo a tiré la sonnette d’alarme sur la manière dont nos actions sur la faune sauvage peuvent entraîner la destruction de certaines espèces.
C’était, après l’autruche, le plus grand oiseau incapable de voler. Avec son bec qui rappelle celui d’un vautour et ses ailes atrophiées, le dodo (Raphus cucullatus) s’est vu condamner par sa propre évolution. À bien des égards, le dodo ressemblait à un pigeon ; il aurait eu un plumage marron ou tirant vers le gris, une tête chauve, des pattes costaudes et des pieds jaunes avec des serres. Mais l’étude de ses os nous apprend qu’il était plutôt véloce et qu’il se servait de son bec crochu en cas de conflit territorial avec d’autres oiseaux. Un compte rendu du XVIIe siècle sur l’alimentation de cet oiseau laisse entendre qu’il mangeait des fruits tombés au sol, ainsi que des graines et des noix, et qu’il ingérait des gastrolithes (des pierres d’estomac) pour faciliter sa digestion.
Un oiseau isolé
Le dodo était endémique exclusivement de l’île Maurice, où il avait évolué depuis une espèce voisine des pigeons qui était arrivée sur les îles Mascareignes il y a 26 millions d’années. L’abondance de nourriture qui jonchait le sol et l’absence totale de prédateurs naturels lui ont pendant longtemps permis d’avoir la belle vie.
Il n’avait pas besoin de voler ni de se déplacer très rapidement, de sorte que l’évolution lui a petit à petit rogné les ailes, tout en lui donnant une taille de plus en plus importante. Ainsi, lorsque les premiers navigateurs néerlandais ont débarqué en 1598, les dodos se sont révélés être des proies très faciles ; il suffisait aux chasseurs de prendre garde à leur bec puissant. Un seul individu pouvait nourrir la moitié de l’équipage d’un navire.
La facilité avec laquelle on pouvait les chasser ainsi que l’introduction des animaux que les explorateurs apportèrent dans leurs cales – rats, cochons, chiens et chats – et qui mangeaient leur progéniture, leurs œufs et leur nourriture eurent pour conséquence l’extinction de l’espèce en à peine neuf décennies. Ils disparurent peu de temps après leur découverte, de sorte que les naturalistes du XIXe siècle étaient persuadés que les marins avaient inventé de toutes pièces cet énorme oiseau qui ne pouvait pas voler.
Une dernière observation en 1662
Certains récits rapportent que des spécimens furent emportés vivants à Londres, mais la dernière observation d’un dodo daterait de 1662. Volkert Evertsz, un matelot qui naviguait à bord du navire néerlandais l’Arnhem qui fit naufrage sur l’île d’Ambre, décrivit le chant d’un groupe d’oiseaux et la facilité avec laquelle il avait réussi à en attraper un. Une autre observation datant de 1681 lui fait toutefois concurrence.
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