Le packing mis en cause
La polémique se déchaîne contre le professeur Pierre Delion, pédopsychiatre au CHR de Lille. Initialement prévu pour aujourd'hui, un rapport sur l'autisme de la Haute autorité de santé (HAS) doit être rendu jeudi. Il pourrait demander l'interdiction de la psychanalyse et du packing comme traitement de l'autisme*. Le packing consiste en effet à envelopper l'enfant avec un drap mouillé avant de retirer peu à peu ce drap. Pour le médecin hospitalier, promoteur de cette méthode dans la lutte contre l'autisme, son interdiction serait un retour en arrière. « En quelques semaines, on parvient à entrer en contact ces enfants », assure Pierre Delion confronté à des cas très graves d'autisme, allant jusqu'à des automutilations.
Ses opposants, au rang desquels se trouve l'association Vaincre l'autisme, considèrent au contraire la méthode comme « barbare et inefficace ». «les enfants autistes n'ont rien à faire dans les hôpitaux », clame M'Hammed Sajidi, président de vaincre l'Autisme. Il a d'ailleurs déposé une plainte auprès du conseil régional de l'ordre des médecins voilà deux mois contre le professeur lillois. Ce dernier était convoqué le 16 février. « Il est possible que des familles aient vécu des expériences désastreuses avec le packing, mais en cas d'erreur chirurgicale, personne ne demande d'interdire la chirurgie dans son ensemble »se défend Pierre Delion. L'avis doit être rendu fin mars ou mi-avril.
Mêler les approches
Depuis, une pétition de soutien en faveur du médecin circule sur internet. L'homme est en effet réputé pour son ouverture d'esprit. « Je travaille avec des comportementalistes. Il est souhaitable de mêler les deux approches pour soigner l'autisme », remarque-t-il. « Conversion récente », dénonce Vaincre l'autisme. Pourtant, les relations humaines ont toujours été au cœur de sa démarche. Il avoue des études de médecine « frustrantes par la pauvreté relationnelle constatée lors de stages cliniques ». Spécialiste de la psychose de l'enfant et du bébé, le voilà maître d'ouvrage des Etats généraux contre les violences familiales organisées par la ville de Lille en novembre 2010, après des expérimentations menées pendant un an à Lille-Sud sur les violences entre enfants. Il en est sûr : « Les neurosciences n'expliqueront pas les choses toutes seules ».