Un tir de Roquette sur le pétrole
L'idée était dans l'air, la voilà dans les champs. Produire des polymères à partir du blé et du maïs : le projet Biohub, porté par l'entreprise Roquette frères (2 800 salariés à Lestrem, près de Béthune) a été retenu hier parmi les six programmes financés par l'Agence de l'innovation industrielle (AII). Le nº1 nordiste de la production d'amidon en Europe (6 000 tonnes par jour) propose d'utiliser celui-ci en remplacement des dérivés du pétrole, pour produire de nouveaux solvants, des plastiques biodégradables, des emballages alimentaires, etc. Allié à sept autres partenaires européens, Roquette entend augmenter de 20 % ses dépenses de recherche. « Un saut technologique », selon Jacques Pellerin, directeur administratif de Roquette, dont devraient bénéficier notamment des chercheurs de l'école des Mines de Douai, associés au projet.
« Chez nous, il n'y aura pas d'embauches directes, précise Jacques Pellerin, mais cela ouvre une nouvelle branche d'activité. C'est pour cela que l'innovation a toujours été notre péché mignon. » De fait, le bénéfice est avant tout économique. La matière première pétrolière coûte de plus en plus cher, et l'utilisation de l'amidon assurerait un débouché supplémentaire pour les agriculteurs : chaque année, Biohub devrait utiliser 1,3 million de tonnes de céréales, soit 150 000 hectares de surface cultivée « en France et dans la région », promet Jacques Pellerin.
Olivier Aballain
Le coût total de Biohub est de 91,6 millions d'euros sur cinq ans, dont 42,7 assumés par l'Agence de l'innovation, et la même somme par Roquette. Un bilan d'avancement sera fait tous les trois mois.