Lille : Le bar identitaire la Citadelle conteste en justice sa fermeture
Justice Le tribunal administratif de Lille examinait deux référés intentés contre la fermeture administrative du bar et contre l’arrêté préfectoral interdisant la tenue d’une soirée « Qu’ils retournent en Afrique »
Mercredi, le tribunal administratif de Lille a examiné la demande de La Citadelle, siège de l’extrême droite lilloise, d’annuler sa fermeture et l’interdiction d’une soirée à venir intitulée « Qu’ils retournent en Afrique », ordonnées respectivement par la ville et la préfecture. La décision doit être rendue ce jeudi.
Pour La Citadelle, maître Frédéric Pichon a dénoncé un « détournement de pouvoir » de la part de la mairie, qui a ordonné, le 14 février, sa fermeture immédiate estimant que ce local fonctionne en fait comme un Etablissement recevant du public (ERP), mais sans être déclaré comme tel. Dans ces conditions, son ouverture « présente un réel danger pour la vie d’autrui », précise l’arrêté municipal, qui invoque « l’urgence à agir ». « Depuis des années, Martine Aubry n’a cessé de vouloir faire interdire ce local », a avancé l’avocat, accusant la maire socialiste de Lille d’agir « pour des raisons idéologiques ».
Un évènement public ou privé ?
« La ville de Lille ne peut pas laisser un ERP non déclaré dans un local dont on ne sait rien organiser une soirée dont on ne sait rien », a objecté Benjamin Marcilly, l’avocat de la ville. Il a notamment souligné que « l’association rend publics ses évènements sur Facebook », ce qui les fait sortir « du simple cadre privé ».
Sur l’interdiction de la soirée « Qu’ils retournent en Afrique », prévue vendredi, maître Pichon a dénoncé « une atteinte disproportionnée à une liberté fondamentale ». Dans son arrêté du 15 février, la préfecture considère notamment que l’intitulé, reprenant un propos sanctionné du député RN Grégoire de Fournas à l’Assemblée nationale, est « en lui-même une provocation publique à la haine et à la discrimination ».
L’arrêté invoque aussi le risque de « troubles graves de l’ordre et la sécurité » en cas de maintien de l’évènement, d’autant qu’une manifestation a été annoncée au même moment par un collectif antifasciste. Présager « à l’avance qu’il y aura des débordements publics. C’est de l’extrapolation » a lancé Me Pichon.
« En huit ans » depuis l’ouverture « il n’y a jamais eu le moindre problème, l’ampleur que cela prend c’est délirant » a lancé le président de La Citadelle, Aurélien Verhassel, ex-membre du groupe dissous Génération identitaire et soutien d’Eric Zemmour à la présidentielle.
Le parquet de Lille a pour sa part ouvert le 13 février une enquête pour « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie ou la race ».