Le Père Arthur Hervet, combattant de la misère

PORTRAIT Il défend la cause des Roms...

Gilles Durand
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Les chemins du Seigneur mènent aux Roms. Depuis qu'il est arrivé à Lille, il y a deux ans, le père Arthur Hervet a pris fait et cause pour cette population. Son dernier coup d'éclat: installer, juste après Noël, treize familles roms dans une ancienne aumônerie étudiante à Villeneuve-d'Ascq, sans attendre l'aval de la mairie.

«J'ai toujours été un trublion», avoue-t-il, le sourire en coin. A 71 ans, le voilà convaincu d'une nouvelle mission, indissociable selon lui de sa fonction de prêtre. «Ces Roms sont des chrétiens pratiquants, très facilement assimilables.»

Une enfance douloureuse

Toute sa vie, cet homme de foi n'aura fait que ça: chercher à améliorer le quotidien des laissés-pour-compte de la société, qu'ils soient chômeurs, anciens prostitués, SDF, femmes battues, prisonniers... Tour à tour aumônier de lycéens, de prisonniers et de bateliers, il se forge une réputation de combattant de la misère humaine.

Cette empathie, il la doit peut-être à une enfance douloureuse. A 18 mois, une faucheuse lui coupe une jambe. Très tôt, la séparation de ses parents l'oblige à grandir dans un orphelinat. Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre de brillantes études de physique. Car selon lui, «Dieu et les sciences ne sont pas incompatibles».

De son parcours, le père Arthur mentionne surtout les dix-sept ans passés à bord d'un bateau-chapelle à Conflans-Sainte-Honorine. «D'un lieu vide, il en a fait un espace de rencontre», se souvient un membre de La Pierre blanche, association caritative créée par le père Arthur. Parfois, la mairie grince des dents. «Sa tendance à accueillir toute la misère du monde posait des problèmes à nos services sociaux», avoue Philippe Esnol, maire (PS) de Conflans.

Des relations politiques

Dans son livre La Péniche du bon dieu*, il raconte avoir parfois reçu des menaces. Mais l'abbé a aussi le bras long. Parmi ses relations, Emmanuelle Mignon, l'ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy. Insuffisant pour s'occuper de toute la misère du monde. «Quand j'ouvre un courrier, je regarde toujours si un billet de banque dépasse», avoue-t-il. Même quand c'est Martine Aubry qui le félicite personnellement. «J'aurais préféré un petit geste financier.»

Car son sacerdoce ressemble à un puits sans fond, une succession de solutions provisoires. Et de répondre avec malice : «Mais nous sommes tous provisoires sur cette terre.»

*Editions Presses de la Renaissance