Lille : « On mise sur la qualité de service plutôt que sur une guerre des prix », assure une entreprise de livraison alimentaire à domicile

INITIATIVES Comment une entreprise lilloise de livraison à domicile de produits locaux, bio et équitables parvient à conserver une place sur ce marché très convoité

Gilles Durand
L'entreprise lilloise de livraison, Mes voisins producteur, emploie 15 salariés.
L'entreprise lilloise de livraison, Mes voisins producteur, emploie 15 salariés. — J. G.
  • Il y a cinq ans, en 2017, Jérémie Guilbert a créé, à Lille, l’entreprise de livraison à domicile de produits frais et équitables, Mes voisins producteurs.
  • Dans un secteur d’activité de plus en plus concurrentiel, ce chef d’entreprise a compris qu’il fallait se différencier pour ne pas couler.
  • La société mise sur la qualité de service plutôt que sur les prix pour lutter contre une concurrence de plus en plus agressive.

« L’objectif, c’était d’essayer d’amener le monde de la campagne à la ville ». Pour Jérémie Guilbert, fondateur de l’entreprise mesvoisinsproducteurs.com, la livraison à domicile de produits frais (mais pas que), bio, locaux et équitables doit garantir certains principes. Dans un secteur d’activité de plus en plus concurrentiel au sein de la métropole lilloise, cet ancien directeur artistique de prêt-à-porter enfant a compris qu’il fallait se différencier pour ne pas couler.

Mes voisins producteurs, c’est un peu une success story qui a décollé il y a cinq ans, en 2017. « J’ai démarré dans mon garage avec un petit vélo de la Poste, quatre producteurs fournisseurs et 40 produits à livrer. Le fait d’avoir grandi à la campagne m’a beaucoup aidé dans mes démarches », raconte ce trentenaire originaire d’un petit village près de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. A l’époque, il imagine réduire les contraintes de citadins qui souhaitent s’alimenter avec des produits locaux.

Un service de circuit court flexible

L’idée, comme souvent, germe de l’expérience personnelle. « Je suis devenu papa en 2016 et j’ai cherché à acheter des produits frais en direct pour préparer les repas de mon fils », explique Jérémie Guilbert. Mais les solutions disponibles ne lui conviennent guère.

« Il existait le système des Amap et des cabas à venir chercher chaque semaine, par exemple, mais on ne pouvait pas choisir ses produits. C’est ce qui m’a incité à mettre en place un service sur le même modèle de circuit court mais plus flexible, grâce à un site web », précise-t-il.

Dopé par le confinement

Très vite, le site de Mes voisins producteurs trouve son rythme de croisière, avec, quand c’est possible, des aliments locaux et bio, garantissant une juste rémunération pour les producteurs. En 2020, l’activité connaît un développement exponentiel avec le confinement. « Nous sommes passés d’un panier moyen de 45 à 95 euros. Il a fallu limiter les quantités sur le site car certaines commandes n’étaient pas raisonnables », se souvient Jérémie Guilbert.

A tel point que cette réussite attire aujourd’hui les « dark stores » ou acteurs du « quick commerce », ces enseignes dopées par les levées de fonds parfois internationales qui prolifèrent sur le marché de la livraison à domicile. Et depuis quelques mois, la concurrence est rude.

Guerre des prix impossible

« On sait qu’on ne peut pas lutter sur les volumes et dans une guerre des prix avec nos petits moyens, alors on mise sur la qualité de service : la fraîcheur des produits et le sourire et la convivialité du livreur », assure le chef d’entreprise qui, le mois dernier, en mars, a décidé de couvrir les 90 communes de la métropole de Lille.

Les denrées fraîches, comme les légumes, sont livrées le matin même dans l’entrepôt de Lille-Moulins. Toutes les livraisons sont effectuées l’après-midi et en début de soirée, par tournée à vélo ou en camionnette. « On garde aussi l’option téléphone pour passer commande car ça arrange beaucoup de personnes peu à l’aise avec internet ».

Mes Voisins Producteurs emploie aujourd’hui 15 salariés bien décidés à se battre face aux mastodontes qui tentent de s’implanter sur le marché lillois.