Hauts-de-France : Un quart des sites industriels inspectés ne sont pas dans les clous en matière de sécurité
PREVENTION Les services de la direction de l’Environnement des Hauts-de-France déplorent des manquements aux règles de sécurité dans certaines usines considérées comme à risques
- Le rôle de la direction régionale de l’Environnement est de surveiller et de contrôler les usines ou entrepôts considérés comme à risques.
- Une vague d’inspections spécifiques a été lancée après les accidents chez Lubrizol, près de Rouen, et dans une sucrerie, dans le Nord.
- Environ un quart des inspections ont donné lieu à des mises en demeure pour les entreprises concernées.
Le risque zéro n’existe pas. Néanmoins, il est des sites industriels où, au vu des conséquences, il est préférable qu’il soit minimisé au maximum. C’est le rôle de la direction régionale de l’Environnement ( Dreal) de surveiller et de contrôler ces usines ou entrepôts afin de prévenir les moindres risques.
Ainsi, ces services préfectoraux ont été amenés à lancer des inspections spécifiques sur certains sites après deux accidents : l’incendie de l’usine Lubrizol, près de Rouen, en septembre 2019 et l’épisode de pollution aquatique liée à une rupture de digue de la sucrerie Tereos, à Escaudœuvres, près de Cambrai, en avril 2020.
Situation « préoccupante »
« Un plan d’actions post-Lubrizol a été mené, signale Laurent Tapadinhas, directeur de la Dreal. Nous avons procédé à onze inspections portant sur les rétentions de produits dangereux sur des sites à risques. Lors de l’accident, il est apparu qu’une des causes de la propagation rapide de l’incendie était la configuration de la rétention des stockages. »
Or, sur les onze sites contrôlés, trois ont fait l’objet d’une mise en demeure pour absence de conformité avec la réglementation en vigueur. Une situation « préoccupante », pour la Dreal. D’autant que Laurent Courapied, chef du service pôle à risques chroniques, recense 18 accidents sur des sites Seveso (à très haut risque) en 2020 dans les Hauts-de-France. La plupart sont aussi des incendies, sans mort à déplorer, fort heureusement.
« Il s’agit souvent d’incendies sur des installations de traitements de déchets, constate-t-il. Lors des contrôles préventifs, dans un cas sur cinq, on découvre des insuffisances sur les moyens de lutte contre le feu ou de défaillance sur la détection incendie. »
Risques de pollution aquatique
Côté risques de pollution aquatique, les entreprises concernées ne font guère mieux. L’épisode de Tereos n’a fait que le rappeler. Dans la nuit du 9 au 10 avril 2020, en plein confinement, la rupture d’une digue de la sucrerie a pollué la rivière Escaut jusqu’en Belgique. Depuis, 19 ouvrages hydrauliques ont été inspectés. Avec, encore une fois, de mauvaises surprises.
L’usine Tereos d’Escaudœuvres a écopé d’un arrêté de mesure d’urgence. Trois autres arrêtés de mises en demeure ont été dressés – tous dans la Somme – pour l’usine agroalimentaire de Lunor, à Chaulnes, et pour les sucreries Cristal Union, à Villers Faucon, et Saint-Louis, à Eppeville. « On constate fréquemment un manque d’entretien et un dépassement parfois persistant des niveaux d’eau maximaux définis », déplore la Dreal.
« Nous allons nous montrer plus coercitifs en cette fin d’année et en 2022, indique Laurent Tapadinhas, avec davantage d’obligations de suivis pour la vingtaine d’industriels concernés. »