Nord : 50 ans après, les petits-enfants Motte Cordonnier décident de relancer l'historique brasserie familiale

C’est une jolie histoire où se mêlent famille, tradition et patrimoine. A Armentières la brasserie Motte-Cordonnier a fait partie du paysage local pendant plus de 350 ans. Avec son étoile rouge typique qu’on voit encore sur les devantures de vieux bistrots de la région, la bière familiale a marqué des générations de Nordistes.

Dans les années 50, la brasserie a atteint son apogée avec 1.000 salariés et la production annuelle de 600.000 hectolitres. Mais après avoir longtemps rayonné au Nord de Paris avec huit générations successives de Motte-Cordonnier aux commandes, l’étoile rouge a fini par pâlir au milieu des années 70.

Vendue dans les années 70 au groupe Stella Artois

« A cette époque-là, le marché de la bière se déstructure à cause de la pasteurisation, de l’arrivée de la bouteille, des grands groupes et surtout de la grande distribution. Alors, pour préserver l’emploi, mon grand-père a décidé de vendre la brasserie au groupe Stella Artois. C’est la fin de l’histoire familiale », raconte Henry Motte, 29 ans et aîné de la dixième génération des Motte-Cordonnier.

Vendue au groupe belge Artois, la brasserie perd peu à peu de son influence et à la fin des années 90, le château usine emblématique construit au bord de la Lys finit même par être abandonné. Pendant 20 ans, Motte-Cordonnier ne reste qu’un lointain souvenir avant de renaître de ses cendres en 2018 à l’occasion de l’enterrement de Bertrand Motte, le grand-père qui avait vendu la brasserie.

L’enterrement du grand-père agit comme un déclic

« Quand on se retrouve à l’enterrement, on se dit que c’est dommage avec les autres membres de la famille. On voit que le marché de la bière se porte bien avec l’essor des micro-brasseries et on se demande s’il n’y a pas quelque chose à faire pour relancer la brasserie. On commence par sortir une première bière et puis on se prend au jeu. », poursuit Henry Motte.

De fil en aiguille, Henry aidé par ses parents, cousins, oncles et tantes tous devenus actionnaires relancent la marque et la production. Aujourd’hui, Motte-Cordonnier a créé cinq bières différentes qui portent le visage et les prénoms de personnages emblématiques de la brasserie. Entre René, l’arrière grand-père (bière blonde), Camille, l’arrière arrière-grand-mère (bière blanche) ou encore Emile, salarié de l’usine pendant 50 ans (bière triple), chaque bouteille a son histoire.

Un retour espéré prochainement sur le site historique

Avec 700 hectolitres produits par an, la brasserie, qui vient d’inaugurer des nouveaux locaux, est encore très loin des volumes de son âge d’or. Mais le but n’est pas forcément de faire comme avant. Même si l’histoire est toujours bien présente.

« L’ambition c’est de continuer à brasser, à grossir et à regagner une partie du bâtiment historique pour brasser la bière mais aussi y faire un lieu de transmission avec un musée pour faire visiter notre brasserie et déguster nos bières avec nos clients », conclut Henry Motte. Classé aux bâtiments de France, le site historique va bientôt être entièrement rénové. Le passé n’a pas fini de se conjuguer au présent chez Motte-Cordonnier.