Hauts-de-France : La SNCF teste des TER sans conducteur dans la région
TRANSPORT D’une idée lancée en 2016, le consortium monté pour développer un prototype de train autonome en est déjà aux phases de test sur une ligne commerciale. Pour autant, voir circuler des trains sans conducteur n’est pas pour tout de suite
- Avec un consortium de partenaires, la SNCF développe un prototype de train autonome.
- Les premiers tests ont déjà été effectués dans le Nord et le Pas-de-Calais.
- La SNCF espère voir arriver les premiers trains autonomes d’ici 2023.
Y’a-t-il un pilote dans le train ? Depuis mars dernier, avec quelques mois de retard en raison de l’épidémie de coronavirus, la SNCF teste un prototype de TER autonome sur une ligne entre le Nord et le Pas-de-Calais. Le but, à terme, est de faire circuler des trains sans conducteur sur des lignes commerciales classiques. Pour autant, si la technologie est au point, ce ne sera ni partout, ni pour tout de suite.
Le projet de train autonome, né en 2016, n’a véritablement été lancé qu’il y a deux ans et demi, avec la formation d’un consortium regroupant la SNCF, Alstom, Spirops, Thales et Railenium. Le cahier des charges était « simple », mettre au point un système que l’on pourrait greffer sur un train afin de lui permettre de fonctionner sans conducteur. Grâce à un budget de recherche et développement conséquent de 57 millions d’euros et une rame de TER prêtée par la région Hauts-de-France, l’usine Bombarbier de Crespin a pu sortir, début 2021, son prototype.
« Tester le système dans un environnement ouvert »
Au premier coup d’œil, rien ne différencie cette rame d’une autre, elle circule d’ailleurs normalement sur le réseau lorsqu’elle ne sert pas aux essais. Tout se passe devant, dans la cabine et sur la face avant du train. La rame a été équipée de différentes sortes de capteurs, comme des caméras et des radars laser. Les serveurs informatiques sont installés juste derrière la cabine au sacrifice de deux places assises. Les tests ont été réalisés sur un tronçon de la ligne entre Busigny et Calais, sans passagers, et au centre d’essais ferroviaire de Valenciennes. « Le but est de tester le système dans un environnement ouvert, avec des passages à niveaux, des animaux, des obstacles, non plus dans un environnement fermé comme le métro de Lille », explique Philippe Molitor d’Alstom.
Et ça fonctionne, même s’il faut encore peaufiner et « éduquer » l’intelligence artificielle de la machine. Et quand tout sera au point, le consortium promet une efficacité incroyable : « Automatisées, les manœuvres d’accélération et de freinages seront plus efficientes, permettant par exemple de réduire la consommation ou d’augmenter les fréquences. Dans des conditions difficiles, la nuit ou dans le brouillard, le train autonome sera aussi plus performant là où l’œil humain sera en difficulté », poursuit le porte-parole d’Alstom.
Le métier de cheminot n’est pas obsolète pour autant. « Avant l’autonomie complète, les niveaux intermédiaires sont intéressants puisque cela permet d’apporter des aides à la conduite comme dans les voitures par exemple », assure Philippe Molitor. Il n’est pas non plus question, du moins pour le moment, de transposer ce système dans un TGV. Il reste aussi la question de la réglementation et de l’homologation du système. Et cela ne sera pas l’épreuve la plus simple si l’on observe celle qui concerne les drones ou la réglementation internationale très restrictive, adoptée par la France, pour les voitures autonomes. La SNCF est pourtant confiante puisqu’elle annonce ses « trains autonomes d’ici 2023 ».