Coronavirus à Lille : L’opposition municipale unie pour critiquer la gestion de crise de Martine Aubry

PANDEMIE La maire de Lille est critiquée par ses opposants de tous bords à cause d’une gestion de crise sanitaire jugée trop solitaire

François Launay
Lille, le 25 février 2020. Débat entre les candidats à l'élection municipale à Lille organisé par l'école Sciences Po Lille avec Martine Aubry, Stéphane Baly, Julien Poix, Violette Spillebout et Marc-Philippe Daubresse.
Lille, le 25 février 2020. Débat entre les candidats à l'élection municipale à Lille organisé par l'école Sciences Po Lille avec Martine Aubry, Stéphane Baly, Julien Poix, Violette Spillebout et Marc-Philippe Daubresse. — M.Libert / 20 Minutes
  • Adversaires aux dernières élections municipales, Stéphane Baly (EELV) et Violette Spillebout (LREM) dénoncent la gestion de crise sanitaire de Martine Aubry.
  • Plus que le fond, l’opposition municipale dénonce une méthode solitaire sans concertation avec eux.
  • Des critiques qui ont fait réagir la majorité municipale.

A Lille, même en période de crise sanitaire, l’union sacrée n’existe pas. Depuis quelques jours, l’opposition municipale, tous bords confondus, fait front commun contre la gestion municipale de la crise sanitaire. Plus que le fond, c’est surtout la méthode employée par Martine Aubry (PS) qui leur pose problème. Adversaires lors des dernières municipales,  Stéphane Baly (EELV) et Violette Spillebout (LREM) sont d’accord pour dire que la maire de Lille ne les associe pas aux décisions liées à la pandémie.

Si une réunion des responsables de groupe a bien lieu tous les vendredis soir en visioconférence, elle ne satisfait pas l’opposition. « C’est de l’information descendante. On nous informe juste des décisions qui ont été prises par la majorité municipale. Ce n’est pas du tout notre conception de la démocratie locale », regrette Violette Spillebout à la tête du groupe « Faire respirer Lille » qui déplore un fonctionnement institutionnel avec des décisions prises « avec le préfet et l’ARS mais sans aller plus loin ».

« Etre maire de Lille, ce n’est pas avoir réponse à toutes les solutions »

Même regret du côté de Stéphane Baly. A la tête du groupe Lille Verte, l’élu écologiste vient de réclamer la création d’un comité de concertation élargi pour gérer la crise sanitaire à l’échelle locale à l’image de ce qui se fait déjà dans d’autres villes comme Grenoble ou Bordeaux.

« Etre maire de Lille, ce n’est pas avoir réponse à toutes les solutions. Je pense qu’on a besoin de mettre autour de la table tous les partis politiques républicains, même ceux qui ne sont pas représentés au conseil municipal, mais aussi les corps intermédiaires et les forces vives de la ville. On a plus d’idées et de solutions à vingt plutôt qu’à deux. Quand les mesures sont décidées collectivement, elles sont beaucoup plus facilement acceptées ».


La majorité municipale se justifie sur sa gestion dans un communiqué

Face à ces critiques, la majorité municipale a réagi dans un communiqué publié le 9 novembre. Le groupe Lille en commun, durable et solidaire déplore d’abord une polémique qui laisse entendre « que les actions menées et les solutions appliquées, seraient menées de manière isolée avant de rappeler les actions menées depuis la fin août ». Avant d’expliquer la gestion de la crise au niveau local.

« La nouvelle équipe municipale agit avec toujours autant de détermination en lien avec les partenaires de la Ville. Plus particulièrement, Anne Goffard, virologue et nouvelle adjointe au Maire déléguée au risque pandémique anime chaque semaine avec les élus concernés une cellule de crise décisionnelle, et avec les services municipaux une cellule de crise opérationnelle ». La majorité rappelle aussi le travail réalisé en concertation avec la préfecture, le CHU, l’ARS, la maire et cinq adjoints chargés de gérer les différents aspects de cette crise en mien avec les Lillois.


L’opposition veut plus de concertation avec la société civile

Apparemment donc, pas question de changer de méthode. Au grand dam de Violette Spillebout qui appelait déjà à une large concertation sur la crise en avril dernier. « Dire qu’on est dans la polémique parce qu’on propose une autre méthode, c’est être dans la caricature. Ça me surprend car j’imaginais que la majorité actuelle, n’ayant gagné qu’avec seulement 227 voix d’avance (sur Lille Verte) dans des conditions difficiles au milieu d’une crise sanitaire majeure, aurait entendu le besoin de plus de démocratie, de plus de concertation. 60 % des Lillois n’ont pas voté pour Martine Aubry. Et avec Lille Verte, nous représentons aussi les Lillois. On veut que ces voix soient plus entendues ».

Alors, pour se faire entendre, l’opposition a décidé de se mobiliser. « On a déjà transmis un certain nombre de propositions. On va à la rencontre des acteurs lillois et on va s’organiser dans les prochains jours pour construire des solutions avec eux », affirme Stéphane Baly. L’idée d’associer la société civile avec le conseil communal de concertation de Lille (CCC) composé de représentants d’associations est ainsi dans les tuyaux.

Reste à convaincre Martine Aubry. « On attend la réunion de ce vendredi soir pour voir ce qui va être décidé. Peut-être que la ville va changer d’avis et prendre en compte l’avis de l’opposition », espère la marcheuse Violette Spillebout qui n’exclut pas de travailler sérieusement sur le sujet avec Stéphane Baly et Lille Verte en cas de refus de la majorité. La preuve que la crise sanitaire peut parfois réussir à dépasser certains clivages politiques.