Municipales 2020 à Lille : Pourquoi il n’y a pas eu d’alliance entre les Verts et Martine Aubry au second tour
ELECTIONS La maire (PS) de Lille, Martine Aubry, et la tête de liste d’EELV, Stéphane Baly, ne sont pas parvenus à un accord pour le second tour des municipales à Lille
- Martine Aubry, a décidé de s’engager pour le second tour des municipales, le 28 juin, sans le soutien des Verts (EELV).
- Depuis 2001, la maire (PS) de Lille dirigeait la ville avec l’aide des écologistes.
- Il y aura une triangulaire avec la présence d’une candidate macroniste, Violette Spillebout.
Stratégie calculée ou véritable baroud d’honneur ? La maire (PS) de Lille, Martine Aubry, a décidé de s’engager pour le second tour des municipales, le 28 juin, sans le soutien des Verts (EELV), une force politique sur laquelle elle s’appuyait depuis 2001.
Stéphane Baly, tête de liste (EELV), a déposé sa liste, ce lundi matin, à 9h15, suivi à 11h par Martine Aubry. 20 Minutes a cherché à savoir comment la fissure a pu s’élargir autant entre les clans socialiste et écolo.
Une réunion sans Martine Aubry
Le site d’informations Médiacités évoque une date, le 16 avril, pour expliquer le point de rupture. Selon ce site, une conférence de presse, organisée en visioconférence par la liste Lille Verte (conduite par EELV) pour faire des propositions pendant le confinement, a mis le feu aux poudres. Martine Aubry, n’appréciant guère ce cavalier seul de ses anciens alliés, avait estimé ne pas pouvoir « travailler avec des gens en qui [elle n’avait] pas confiance ».
Cet entre-deux tours, qui a duré trois mois à cause de l'épidémie du Covid-19, a ainsi renforcé des tensions qui existaient néanmoins auparavant. Avec l’annonce récente de la tenue du second tour, des tentatives de rapprochement ont néanmoins eu lieu. Une rencontre s’est d’ailleurs tenue, jeudi, entre les deux listes. Mais sans Martine Aubry.
Un scrutin joué d’avance en cas d’alliance
« Après avoir changé le rendez-vous au dernier moment, elle n’est même pas venue en personne, ce qui montre qu’elle n’avait pas une envie folle d’y aller ensemble », regrette la tête de liste (EELV) Stéphane Baly. L’équipe de Martine Aubry rejette, au contraire, la faute sur les écologistes qui « n’ont donné aucune réponse aux propositions d’union ».
Le calcul politique semblait pourtant évident. Avec réciproquement 29,8 % et 24,5 % des voix au premier tour, lors du scrutin du 15 mars, la maire de Lille et les écolos étaient quasiment certains de conserver le beffroi en cas d’alliance.
Un désaccord sur les modalités de fusion
Or, la principale brouille a porté sur les modalités de fusion. Les deux listes n’ont trouvé aucun accord sur la répartition des sièges. Martine Aubry exigeait une « prime majoritaire » pour sa liste arrivée en tête, « comme ça s’est toujours fait à Lille », explique un membre de son équipe. Stéphane Baly voulait imposer la « proportionnelle » pour « respecter les votes du premier tour ».
Selon nos informations, la brouille locale est remontée jusqu’aux plus hautes instances des partis. Ainsi le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou est intervenu auprès du patron du PS, Olivier Faure, pour trouver un terrain d’entente. « Je n’ai aucun pouvoir sur Martine Aubry », a répliqué ce dernier.
Allié aux Verts à Lille, le mouvement Génération-s a aussi tenté de jouer les diplomates par le biais de l’ancien candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon. Mais en vain. Car le malaise est sûrement plus profond qu’un problème de sièges à répartir.
La fin des concessions
Le score historiquement haut des Verts a mis fin à l’époque des concessions sur certains dossiers. « D’habitude, nous listons nos désaccords de fond pour avancer et travailler ensemble. Cette année, nous n’avons même pas pu le faire », dénonce l’équipe de la maire sortante.
Pourtant, du côté des Verts, on assure que ces points ont été abordés. « En 2014, nous avions effectivement acté notre opposition concernant le projet de centre commercial Lillenium », se souvient un écologiste. Cette fois, le projet du quartier Saint-Sauveur ou la mise en place d’un revenu universelle n’a pas trouvé le même compromis.
Chacun campant sur ses positions et rejetant la faute sur l’autre, c’est donc une triangulaire qui s’annonce avec la candidate macroniste Violette Spillebout (17 %). Et l’élection, qui semblait jouer d’avance, portera donc son lot de suspense.