Hauts-de-France : Une aide financière pour lutter contre l’inhalation de « gaz hilarant » chez certains jeunes
SANTE L’Agence régionale de santé des Hauts-de-France débloque une enveloppe d’urgence pour lutter contre les conséquences graves liées à l’usage détourné du protoxyde d’azote
- Depuis plusieurs mois se développe dans la région l’usage détourné de protoxyde d’azote, appelé « gaz hilarant », en inhalation.
- L’Agence régionale de santé des Hauts-de-France vient de débloquer 200.000 euros pour lutter contre les conséquences sanitaires graves liées à cet usage.
- A ce jour, huit cas graves ont été recensés dans la région chez de jeunes usagers de 18 à 34 ans.
Le cerveau en chantilly. L’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France vient de prendre une initiative pour lutter contre les conséquences sanitaires graves liées à l’usage détourné du protoxyde d’azote, a-t-on appris, mardi. Une enveloppe d’urgence de 200.000 euros est débloquée pour les collectivités et communes les plus touchées par ce phénomène inquiétant.
Depuis plusieurs mois, notamment en milieu urbain, certains jeunes s’amusent à inhaler ces cartouches de gaz pour siphon à chantilly. Un jeu qui peut, à forte dose, entraîner des séquelles importantes sur le système nerveux et la moelle épinière. « A ce jour, huit cas graves sont recensés dans la région chez de jeunes usagers de 18 à 34 ans », précise l’ARS, dans son communiqué.
« C’était horrible à voir »
« Un jeune d’une trentaine d’années a débarqué chez nous à la fin de l’été. Il avait le cerveau en bouilli et des atteintes neurologiques irréversibles. C’était horrible à voir », raconte à 20 Minutes, une soignante d’un établissement spécialisé lillois.
La région Hauts-de-France est particulièrement concernée par ce phénomène. « Des centaines de cartouches métalliques de protoxyde ont ainsi été retrouvées par les services de nettoyage de la ville de Lille, mais aussi observées entre autres à Valenciennes, Amiens, Arras ou Saint-Omer », témoigne l’ARS.
En janvier, le député (LFI) du Nord, Ugo Bernalicis, avait déposé une proposition de loi visant à encadrer la vente de « proto » et à renforcer les actions de prévention. « Il s’agissait d’interdire la vente aux mineurs et d’alerter sur la dangerosité du produit avec deux pictogrammes sur les boîtes. Or, le gouvernement s’est montré défavorable à cette proposition », déplore-t-il.
Discussion au Sénat
En revanche, un projet similaire a vu le jour au Sénat. Plusieurs sénateurs du Nord, de différentes tendances politiques, ont marché sur les pas d’Ugo Bernalicis, en engageant la même procédure. Une discussion en séance publique est programmée le 11 décembre. « Nous savons que le déblocage d’argent de l’ARS est lié à l’agenda du Sénat. Ça permettra au gouvernement de répondre qu’il agit. Néanmoins, c’est une excellente nouvelle que l’Etat prenne enfin ses responsabilités sur le sujet. Maintenant, il faut aussi le faire dans d’autres régions. La mairie de Montpellier avait pris un arrêté municipal contre la vente de protoxyde d’azote. C’est donc qu’il y a aussi un problème dans cette région », souligne Ugo Bernalicis.
Le phénomène n’est pas nouveau, selon un chercheur auprès de l’observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) à Lille, cité dans la proposition de loi du député. « C’est un gaz hilarant qui existait déjà dans les rave parties des années 1990, explique-t-il. La grande différence, c’est qu’il est aujourd’hui consommé par des adolescents de 12-16 ans, qui font leurs premières expériences de psychotropes, et le font dans un espace public ».
Un projet similaire en 1998
Déjà en 1998, le secrétaire d’Etat à la Santé, Bernard Kouchner envisageait de restreindre la vente du protoxyde d’azote aux seuls utilisateurs industriels, selon Nicole Péry, secrétaire d’Etat à la formation professionnelle qui répondait à l’interrogation de la sénatrice socialiste du Nord, Dinah Derycke, sur le sujet.
Nicole Pery affirmait par ailleurs que « la vente d’obus de protoxyde d’azote pour la fabrication familiale de cette préparation pourrait être interdite ». La législation n’a pas évolué depuis lors.