Nord: Mis à pied pour avoir mangé une clémentine à son poste, un salarié de La Redoute conteste devant les prud'hommes
JUSTICE Un représentant syndical conteste, devant les Prud’hommes de Roubaix, sa mise à pied à La Redoute, à cause d’une clémentine
- Un représentant syndical de l’entreprise de La Redoute a contesté, jeudi, sa mise à pied pour avoir mangé une clémentine près de son poste de travail.
- L’avocate du salarié estime que la sanction est disproportionnée.
- La direction de la Redoute considère qu’il a enfreint le règlement intérieur, et fait courir le risque d’une « détérioration potentielle de la chaîne ».
« Reflet d’un contrôle poussé à l’extrême » ou « sanction graduée » ? Un représentant syndical de l’entreprise de vente à distance La Redoute a contesté, jeudi, aux prud’hommes de Roubaix, dans le Nord, sa mise à pied pour avoir mangé une clémentine près de son poste de travail.
Le 7 novembre 2017, ce préparateur de commande, représentant CGT entré à La Redoute en 2004, s’est levé à 4h30 pour prendre son poste au site de logistique de Wattrelos à 6h. Il a mangé une clémentine peu avant 9h.
« Déshumanisation » des conditions de travail
Il était à son poste de « picking », où les salariés alignés sur une chaîne de production prennent les marchandises importées et les scannent pour les envoyer aux clients – à raison de 600 gestes à l’heure selon la CGT. Une « micro-panne » a alors arrêté la chaîne, selon son avocate qui raconte la suite.
Il s’est reculé pour s’asseoir sur un banc et manger son fruit, en dehors du temps de pause prévue de 10h à 10h20. Puis « faute de poubelle », il a pris « diligemment » les épluchures avec lui et les a posées sur son poste. L’agente de maîtrise les repère. Il sera mis à pied une journée, perdant 70 euros brut de salaire.
« Était-ce proportionné aux faits reprochés ? Non », a avancé lors de l’audience son avocate Me Aurélie Bertin, pour qui cette affaire « symbolise » la « déshumanisation » des conditions de travail du nouvel entrepôt de logistique « Quai 30 », depuis la restructuration de l’entreprise et les 1.200 licenciements en 2014.
« Ce n’est pas anecdotique »
La direction soutient que le salarié a mangé à son poste, enfreignant le règlement intérieur, et faisant courir le risque, à cause des épluchures et du jus, d’une « détérioration potentielle de la chaîne ». « Ce n’est pas anecdotique », a souligné l’avocate de l’entreprise Me Noémie Dupuis, pour qui la sanction est « graduée. »
Elle a également rappelé qu’il « s’est permis de quitter son poste le 17 septembre 2017 pour aller chercher des sucreries en salle de pause » pendant ses heures de travail et « fait preuve d’intempérance » envers sa supérieure. Le jugement sera rendu le 14 novembre.
Mi-juin, ce même conseil des prud’hommes a condamné La Redoute pour avoir retenu sur salaires le temps de déplacement jusqu’au lieu de pause, distant de 4 à 5 minutes des espaces de production.