Migrants à Calais: Des associations dénoncent un «appel à la délation», concernant une publicité du gouvernement

SOCIETE Une publicité du ministère de l’Intérieur, invitant à « signaler tout comportement non marin », est considérée par des associations comme un « appel à la délation » contre les migrants qui tentent de traverser le détroit

G.D. avec AFP
Illustration d'une opération de sauvetage en mer de migrants.
Illustration d'une opération de sauvetage en mer de migrants. — Marine Nationale / SIPA

« Aidez-nous à sauver des vies ». La campagne publicitaire du ministère de l’Intérieur, qui entend éviter que des migrants ne tentent de traverser le détroit du Pas de Calais à bord d’embarcations de fortune, est dénoncée par une vingtaine d’associations et collectifs comme un « appel à la délation ».

Ces messages de publicité, publiés depuis juin dans la presse régionale, appellent notamment les lecteurs à être « attentifs aux rassemblements nocturnes inhabituels sur la plage laissant présager des départs ».

« Appeler la police ou la gendarmerie »

Mais ils demandent aussi d'« appeler la police ou la gendarmerie » et à « signaler tout comportement non marin », entre autres, pour « contribuer à sauver des vies et à lutter contre le trafic d’êtres humains et les réseaux criminels ». Selon cette publicité, 350 « migrants en danger ont été secourus » en mer en 2018.

« Cette publicité n’est ni plus ni moins qu’un appel à la délation, une tentative de transformer chaque citoyen en auxiliaire de la police, comme si les exilés qui cherchent à gagner l’Angleterre étaient des délinquants », écrivent dans un communiqué les 18 signataires, dont la Ligue des droits de l’Homme-Dunkerque et Auberge des migrants.

« C’est la politique hypocrite de non-accueil des gouvernements français et anglais qui pousse les exilés à prendre un maximum de risque », poursuivent-elles. « Une fois [ces personnes] "sauvées", que deviennent-elles ? Elles risquent de se retrouver enfermées en centre de rétention, menacées d’expulsion ou finalement rejetées dans les campements dont elles espéraient partir ».

«Ce n'est ni la mer, ni la montagne qui tue»

Selon les associations, « ce n'est ni la mer, ni la montagne qui tue, mais la fermeture des frontières et les politiques migratoires européennes ».

Gabriel d’Harcourt, directeur général délégué de La Voix du Nord qui diffuse cette publicité, s’est expliqué dans son journal, considérant que « le message est d’aider la police à intervenir lorsque des citoyens sont témoins d’événements qui peuvent mettre des vies en danger ».

Des migrants essaient régulièrement de traverser  depuis le littoral du Nord-Pas-de-Calais à bord d’embarcation de fortune, malgré le danger lié à la densité du trafic, aux forts courants et à la faible température de l’eau.