VIDEO. Lille: Les sans domicile hébergés au Grand séminaire vont-ils retrouver la rue?

SOCIETE Avec la fin de la trêve hivernale, l’hébergement d’urgence mis à disposition par le diocèse doit fermer ses portes

Mikaël Libert
Une cinquantaine de personnes sont hébergées au Grand séminaire de Lille.
Une cinquantaine de personnes sont hébergées au Grand séminaire de Lille. — M.Libert / 20 Minutes
  • Le Grand séminaire de Lille héberge actuellement une cinquantaine de SDF.
  • Avec la fin de la trêve hivernale, ces familles risquent de se retrouver à la rue.
  • Un délai pourrait leur être accordé, pourvu que le diocèse de Lille soit d’accord.

« SDF, rentrez chez vous ». Ce slogan sarcastique, apparu lors du mouvement « Nuit debout », va-t-il s’appliquer à la cinquantaine de sans domicile hébergés depuis fin décembre au Grand séminaire de Lille ? Alors que la fin de la trêve hivernale arrive à grands pas (le 31 mars), la plupart de ces personnes ne se sont vues proposer aucune solution de relogement. Une situation qui indigne notamment un collectif d’habitants du quartier.

Des familles avec des enfants

Le diocèse de Lille avait mis à disposition de la préfecture un étage complet du Grand séminaire dans le cadre d’une convention d’hébergement d’urgence. Sous financement public, l’association Coallia était mandatée par le préfet délégué à l’Egalité des chances pour s’occuper des personnes hébergées sur place et leur trouver une solution de relogement au sortir de l’hiver. Dans ce cas, cela concerne douze familles, soit 51 personnes dont de nombreux enfants. Ces derniers étant, pour la plupart, scolarisés dans la toute proche école Jean-Zay.

« Ces familles sont devenues nos voisins, on ne peut pas envisager qu’elles soient renvoyées à la rue dans quelques jours », déplore Daniel Bahurel, président de l’association Coup de pouce. Marguerite, une Africaine de 28 ans, est arrivée en France il y a quatre ans avec ses trois enfants : « J’en ai assez d’alterner entre les foyers et la rue. Tout ce que je demande, c’est un endroit où je pourrais mettre mon enfant handicapé à l’école », glisse-t-elle.

Idem pour Bianca, une jeune Roumaine, qui craint de se retrouver dehors avec ses trois enfants, dont un nouveau-né âgé de deux semaines. « Là, les enfants vont à l’école. Comment je vais faire avec le bébé si je dois retourner habiter sous une tente ? », questionne-t-elle.

Pas d’obligation de résultat

A ce jour, Coallia n’a proposé de solution d’hébergement qu’à trois familles, l’une a refusé. « On cherche encore, on a des contacts mais le manque de places pérennes est flagrant », déplore Nicolas Gontier, responsable territorial de Coallia. Il reconnaît que trois propositions pour 12 familles est un mauvais résultat. « Nous n’avons pas d’obligation de résultat, pour autant, cela pose un problème moral », poursuit-il.

Coallia envisage une prolongation de l’hébergement d’urgence au Grand séminaire, affirmant que la préfecture pouvait assurer la rallonge budgétaire nécessaire. Côté diocèse, on ne se prononce ni pour, ni contre, tout en précisant que le bâtiment allait bientôt faire l’objet de travaux. Un coup de fil du préfet à l’évêque de Lille pourrait débloquer la situation selon le diocèse.