Hauts-de-France: La SNCF veut supprimer trois allers-retours TGV par jour entre Douai et Paris et provoque la fureur des élus
TRANSPORTS Le transporteur ferroviaire souhaite diminuer ses dessertes quotidiennes (de sept à quatre allers-retours) sur la ligne TGV Valenciennnes-Douai-Arras-Paris
- A partir de décembre 2019, les TGV directs seront moins nombreux sur la ligne Valenciennes-Douai-Arras-Paris.
- Un scandale pour les élus des territoires concernés prêts à se mobiliser.
- De son côté, la SNCF se défend et assure vouloir mieux réaffecter ses trains.
L’annonce de la SNCF est tombée ce jeudi après-midi. Et c’est un véritable « coup de bambou violent contre le territoire » comme le reconnaît Frédéric Chéreau, le maire (PS) de Douai. A partir de décembre 2019, la ligne TGV Valenciennes-Douai-Arras-Paris va passer de sept à quatre dessertes par jour. Au total, ce sont donc trois allers-retours directs (six trains) qui vont être supprimés. De quoi provoquer la colère des élus du territoire, inquiets pour l’attractivité de leur territoire.
« Les nouvelles sont pires que ce que nous attendions. On voulait déjà se mobiliser si la SNCF supprimait une desserte TGV. Mais là, on passe de sept à quatre. Le message que passe la SNCF, c’est : « Ne venez pas vous installer à Douai, l’important ce sont les grandes métropoles et le reste du territoire peut crever la gueule ouverte ». Pour nous, c’est inacceptable », s’énerve le maire de Douai qui sonne l’heure de la mobilisation avec une manifestation annoncée dès ce samedi (14h30) devant la gare de la ville.
La SNCF veut mieux remplir ses TGV
Du côté du transporteur ferroviaire, on se justifie en assurant que ces trois dessertes TGV seront remplacées par des correspondances depuis les gares d’Arras ou Lille. « Certains trains aux horaires les moins demandés se feront désormais en correspondance. Mais la possibilité de voyager entre Douai et Paris reste très étoffée avec 15 allers-retours par jour », assure Tanguy Cotte Martinon, directeur de TGV Nord.
La SNCF l’assure. Ce n’est pas une question d’économies. Juste un nouveau plan de transport ferroviaire destiné à mieux utiliser des TGV empruntés à Douai par 900 personnes tous les jours.
Des TGV directs tôt le matin et en fin d’après-midi
En clair, les quatre trains directs vers Paris seront mis en service essentiellement le matin (départs de Douai à 5h51, 7h35, 10h51 et 17h22). A l’inverse, les quatre retours vers Douai seront plus fréquents en fin d’après-midi (départs de Paris à 7h52, 12h22, 17h52 et 18h52). L’objectif affiché à terme étant d’attirer deux millions de voyageurs supplémentaires dans toute la région.
« En recomposant l’utilisation d’un matériel sous-utilisé, on va le réallouer à un endroit où il sera davantage utilisé pour transporter davantage de personnes » explique Frédéric Guichard, directeur régional Hauts-de-France de la SNCF qui annonce que le nombre de TER sera renforcé sur l’axe Lille-Douai.
« On va faire remonter l’affaire jusqu’au président de la République »
Mais pas de quoi calmer les élus à l’image de Frédéric Nihous. « Comment peut-on vendre l’attractivité d’un territoire si on ne peut plus y aller ? On va devenir une réserve d’Indiens. Il faut que ça s’arrête. Il ne faut pas que l’Etat nous refile le mistigri de la désertification du territoire. Il ne faut pas nous prendre pour des andouilles », s’emporte le conseiller régional (LR).
Unis malgré leurs différentes étiquettes politiques, les élus du Douaisis ne veulent pas lâcher l’affaire et souhaitent infléchir la proposition de la SNCF d’ici l'été. Quitte à en faire une affaire d’Etat. « On ne va rien lâcher et on fera remonter l’affaire jusqu’au président de la République. On ne peut pas nous dire il y a deux ans qu’on va aider le bassin minier et aujourd’hui nous enlever notre mobilité », regrette Christian Poiret, président (DVD) de la communauté d’agglomération du Douaisis.
« On veut mettre le gouvernement en difficulté. C’est un sujet qui va à contresens direct de tout ce que dit la population française sur les territoires périurbains et ruraux », poursuit Frédéric Chéreau. « C’est la bataille du rail qui démarre », annonce même Frédéric Nihous.
Conscients que la desserte directe TGV vers Paris est un argument fort pour l’attractivité de leur territoire, les élus ne veulent donc rien lâcher. Toutes les mobilisations sont envisagées y compris celui de se coucher sur les rails. L’idée est d’infléchir la position de la SNCF qui assure, de son côté, être ouverte à la discussion ces prochaines semaines. Au vu de la fureur des élus, il faudra de sérieux arguments pour s’imposer dans le grand débat ferroviaire qui commence.