Pas-de-Calais: Quatre religieux traditionalistes mis en examen pour «violences légères» sur mineurs

RELIGION Les quatre religieux ont été placés en garde à vue mercredi...

20 Minutes avec AFP
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L'entrée de l'institution catholique de Sainte-Croix de Riaumont à Liévin.
L'entrée de l'institution catholique de Sainte-Croix de Riaumont à Liévin. — DENIS CHARLET / AFP

Placés en garde à vue, quatre religieux de la communauté traditionaliste de Riaumont à Liévin (Pas-de-Calais) ont été mis en examen ce jeudi. Ils sont soupçonnés de « violences légères » sur des mineurs par personne ayant autorité, a indiqué à l’AFP leur avocat, Me Eric Morain.

A l’issue de leur garde à vue, les quatre religieux - dont deux prêtres - sont ressortis libres et ont été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’exercer une activité d’encadrement en lien avec des mineurs, a précisé Me Morain. Mais «aucun fait de nature sexuelle ou plus grave » n’est reproché aux quatre religieux -trois quinquagénaires et un trentenaire-, a souligné l’avocat de la communauté. Il s’agit de « châtiments corporels légers » qui auraient été commis entre 2007 et 2014, a précisé le procureur de Béthune, Philippe Peyroux.

Dix enfants concernés

Les faits concernent 10 enfants « sur plus de 250 entendus », sur une période allant de 2007 à 2014. « Ils sont pour la plupart très anciens et, si toutefois ils étaient avérés, ne reflètent en aucune manière les méthodes éducatives et la pédagogie en vigueur aujourd’hui au Village d’enfants de Riaumont », a assuré Me Morain.

Fondée par le père Albert Revet vers 1960, la communauté de Riaumont comprend une école hors contrat qui dispense des cours de la 6e à la 3e, encadrés par des religieux de spiritualité bénédictine célébrant la liturgie en latin, et un mémorial national des scouts morts pour la France, entre autres. Cet ordre de droit pontifical relève directement de la commission romaine Ecclesia Dei, qui a autorité sur les communautés traditionalistes restées dans le giron de Rome.

Des méthodes « extrêmement dures »

Dans le village d’enfants, un domaine sillonné de petits chemins en pierre et encadré par une sorte de donjon, les religieux accueillent une trentaine de garçons. On y prône le « rejet absolu de toute médiocrité, compromission et bavardages stériles ». Selon l’avocat, la quasi-totalité des enfants concernés sont « en très grande difficulté […] à la fois sociale et scolaire » et Riaumont est « souvent considéré comme "l’école de la dernière chance" ». Ils ne supporteraient « ni l’autorité ni l’éloignement avec leurs parents », poursuit Me Morain.

Plusieurs témoignages ont pourtant fait état d’un lieu « fermé » aux méthodes « extrêmement dures » voire dégradantes dans le passé. Selon Charline Delporte, présidente du Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes), l’institution était « signalée aux autorités depuis longtemps » et « aurait dû être fermée ». « En 2001, une grand-mère avait déposé plainte pour signaler les sévices subis dans ce centre par son petit-fils », qui « s’est suicidé quelques semaines plus tard », a-t-elle rappelé mercredi.

La préfecture du Pas-de-Calais avait procédé à des contrôles à l’été 2018 qui « n’ont pas permis d’identifier des manquements sur la sécurité publique » alors qu’en 2017, des « observations avaient été formulées ».