Du fond de leur prison turque, cinq jeunes de Roubaix clament leur innocence
JUSTICE Condamnés pour abus sexuels sur mineure de 15 ans, ils dénoncent une injustice…
- Quatre jeunes ont été condamnés pour abus sexuels sur mineure en Turquie.
- Ils ont écopé d’une peine de 13 ans de prison en appel.
- Ils clament leur innocence et veulent être incarcérés en France.
Depuis la fin de l’été 2016, quatre jeunes majeurs originaires de Roubaix, près de Lille, sont incarcérés dans une prison, en Turquie. Reconnus coupables d’abus sexuels sur mineure de 15 ans, ils ont été condamnés à 13 ans de prison par la justice turque en juin dernier. Une peine confirmée en appel, il y a une semaine. Du fond de leur cellule, ils sont parvenus à envoyer un message de détresse, dénonçant l’iniquité de leurs procès et leurs conditions de détention.
Une lettre dictée par téléphone
« Si on vous écrit cette lettre, c’est pour lancer un appel à l’aide car nous sommes victimes d’une injustice. » C’est par cette phrase que commence la missive de trois pages signée « Fayçal, Belkacem, Malik et Rabah ». Selon nos informations, la lettre n’a néanmoins pas été écrite de la main de l’un des condamnés, mais dictée par téléphone à la sœur de l’un d’eux. Celle-ci a ensuite diffusé le courrier sur les réseaux sociaux.
Dans les premiers paragraphes, les quatre condamnés continuent de clamer leur innocence. Ils estiment que malgré « les preuves qui nous innocentent », le « juge n’était pas à l’écoute ». L’histoire tourne autour du fait que la jeune victime, une anglaise âgée de 13 ans, en paraissait effectivement 17 selon l’enquête. Et que les attouchements, une fellation en l’occurrence, ne concernent que l’un des jeunes et non les trois.
La « barrière de la langue »
Ils avancent aussi la difficulté de se défendre face à la « barrière de la langue », affirmant que la traductrice « se permettait même de s’endormir pendant l’audience ». Leur avocat, maître Ahmet Kiraz, estime la condamnation en appel d’autant plus incompréhensible que le jugement de premier instance avait été cassé.
Les jeunes évoquent aussi des conditions de détention difficiles dans le « mitard des étrangers ». Cellules minuscules et surpeuplées, aucune activité, maladies, hygiène : « ici les étrangers sont oubliés », se plaignent-ils, ajoutant que les visites de leurs familles ne durent que 35 minutes et qu’ils ne peuvent ni « envoyer ni recevoir de lettre de nos proches ».
Transfèrement dans une prison française
S’ils ont demandé que cette lettre soit publiée sur les réseaux sociaux, c’est en espérant « que cela atteigne les personnes qui auront la capacité d’agir ». Ils ne demandent pas de grâce ou de libération inconditionnelle. Ils veulent être transférés « dans une prison française pour être proches de nos familles et […] suivre un cursus de réinsertion ».