VIDEO. Quad, moto-cross... Les agriculteurs nordistes veulent qu'on respecte leurs parcelles

SÉCURITÉ Les agriculteurs de la métropole lilloise se sont rassemblés ce vendredi midi à Lille pour demander davantage de respect pour leur travail…

Olivier Aballain
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Les agriculteurs rassemblés à Lille le 31 mars 2017
Les agriculteurs rassemblés à Lille le 31 mars 2017 — O.Aballain / 20 Minutes

Pour une fois, ce sont leurs tracteurs qui sont venus labourer les pelouses urbaines. Une centaine d’agriculteurs nordistes, accompagnés de leurs machines, ont stationné ce vendredi devant le Tribunal de grande instance de Lille.

Les exploitants, venus de toute la métropole lilloise, entendaient protester contre les abus de plus en plus fréquents commis sur leurs parcelles par des individus en mal d’espace. Quads, moto-cross, cavaliers, voire promeneurs indélicats : « Les parcelles agricoles sont notre outil de travail, et aussi une propriété privée », rappellent Denis et Philippe, qui font du maraîchage dans le nord-ouest de l’agglomération lilloise.

Le dernier épisode en date, le 23 mars, a conduit un agriculteur de Deûlémont à l’hôpital. Venu prêter main-forte à un collègue, qui tentait de chasser un conducteur de moto-cross de son champ de blé d’hiver, il a reçu un coup au visage. « Il est sorti de l’hôpital hier, mais a encore des problèmes d’équilibre », rapporte la nièce de l’agriculteur blessé.

« Des gens qui viennent de la ville »

C’est aussi pour réclamer une « peine exemplaire » contre l’agresseur présumé, que certains sont venus à Lille ce vendredi, même si on ne connaît pas encore la date à laquelle l’affaire sera jugée.

Car Sébastien Delattre, agriculteur à Lompret, se dit « stupéfait » de l’attitude de certains intrus. « On a parfois l’impression qu’ils ne comprennent pas du tout qu’ils sont en tort. » Pour lui, il y a comme un sentiment d'« impunité ». « J’ai même eu des gens qui piétinaient mes oignons en faisant du cerf-volant. “On fait attention de marcher entre les rangs”, ils me disaient ! », s’exclame Sébastien Delattre.

« D’habitude ils repartent en s’enfuyant quand on arrive. Mais là c’est lui qui me reprochait de lui demander de partir », raconte Willy, l’agriculteur qui exploite la parcelle où le motard faisait son rodéo.

« Ce sont souvent des gens qui viennent de la ville pour s’installer en campagne, résume Olivier, qui cultive des endives de pleine terre. Mais ils ne connaissent pas du tout les règles et les contraintes des parcelles agricoles. »

Urbains-ruraux, dialogue forcé 

La métropole lilloise, 3e agglomération de province, est aussi paradoxalement la plus rurale de toutes, avec 46 % de sa superficie recensée en surfaces agricoles, en 2013. Le besoin d’espace pour les loisirs entre en concurrence directe avec la demande de logements.

Avec 750 hectares de terres cultivées sur 1.000 hectares de superficie totale, Deûlémont n’échappe pas à ce conflit d’usage. « Au nom de la mixité sociale, certaines populations arrivent chez nous, sans comprendre qu’on ne peut pas faire tout ce qu’on veut », regrette le maire, Christophe Liénard.


Sebastien Delattre, lui, dit pouvoir « comprendre qu’ils aient besoin d’un endroit pour s’occuper, d’autant qu’il y a de moins en moins de travail. Mais si ça continue comme ça, un jour, il va y avoir un mort ».