Ligue 2: « Tout le monde ferme son bureau, plus personne se parle»... Valenciennes, ton univers impitoyable
FOOTBALL En panne de résultats sportifs, le VAFC est aussi touché par des querelles internes à tous les niveaux…
Le VAFC ne va pas bien. Quinzième de Ligue 2 avec cinq points d’avance sur le barragiste, le club du Hainaut n’est pas encore sauvé à huit journées de la fin.
Après un début de saison prometteur, les hommes de Faruk Hadzibegic se sont écroulés depuis le début de l’année 2017 et n’ont remporté que deux de leurs onze derniers matchs. A cette situation sportive difficile s’ajoutent de nombreux conflits internes qui ne contribuent pas à la sérénité dans le club nordiste. Explications.
Tensions dans les bureaux.
De l’aveu même d’un salarié du club, qui ne craint pas d’exagérer : « Ce sont les Balkans ». Dans les bureaux du VAFC, la pression est maximale. « Tout le monde ferme son bureau, plus personne se parle. Les gens courent pour éviter d’être en retard de 2 ou 3 minutes. Il n’y a même plus d’envie », reconnaît un autre salarié qui préfère rester anonyme.
Pointé du doigt, le changement récent d’organigramme au sein du club. Un directeur commercial qui ne serait pas salarié par le club, une DRH très autoritaire, les nouvelles têtes ne passent pas. « Pour moi, il n’y a pas de climat tendu. Je vois des gens qui se parlent et boivent le café ensemble », assure Eddy Zdziech, le président du VAFC avant d’expliquer.
« Sur la situation contractuelle de mon directeur commercial, je n’ai pas à vous répondre. Il n’y a aucun souci tant qu’il est en situation régulière. Ce n’est pas un emploi illégal. Il fait une prestation et il est payé pour ça. Quant à la DRH, oui, il y a des crispations parce que, quand des gens arrivent en retard, elle n’est pas contente. Mais c’est comme ça dans nombre d’entreprises. Il faut arriver à l’heure. Il y a un peu plus de rigueur qui n’a jamais fait de tort à personne »
Des salariés transformés en ouvriers du bâtiment. Au-delà de la nouvelle organisation, ce sont des tâches nouvelles demandées aux salariés qui posent problème. Pour faire des économies, le club a décidé de réduire récemment certaines prestations les soirs de matchs (présence d’hôtesses, sociétés de nettoyages, restauration).
Alors, histoire de compenser le manque de main-d’œuvre, il a été demandé aux salariés de mettre la main à la pâte. Même chose au sujet de la nouvelle boutique du club qui vient d’ouvrir ses portes en plein centre-ville.
Les travaux de peinture, déblayage, ponçage ou encore électricité ont ainsi été effectués par des salariés dont la fonction est normalement bien éloignée de celle d’ouvrier du bâtiment. Mieux, pour vendre des articles dans sa nouvelle boutique, le club a également décidé de faire appel à ses employés, qui n’ont aucune compétence de vente, deux à trois jours par semaine et à des horaires décalés. Une polyvalence qui ne dérange pourtant pas Eddy Zdziech.
« Le club doit faire face à ses obligations et compte sur ses salariés. Certains acceptent, d’autres rechignent. On n’a forcé personne pour donner un petit coup de main vu que je ne peux pas embaucher des personnes. Ouvrir une nouvelle boutique fait partie du développement de VA. Mais si des gens ne veulent pas l’ouvrir, il n’y a pas de souci. Le club, qui est passé près de la catastrophe en 2014, est en phase de mutation. Cela en gêne certains qui ne veulent rien changer mais ça ne marche pas comme ça. J’attends que les gens accompagnent ce mouvement. Je demande à tous la même exigence »
Un directeur général adjoint mis à pied. Au plus haut niveau du club, les tensions sont aussi au maximum. Directeur général adjoint du club, Pierre Wantiez a été mis à pied quelques jours cette saison par le président Eddy Zdziech. Le conflit est tel qu’un départ en fin de saison n’est pas à exclure même si le président du VAFC préfère relativiser. « Pierre Wantiez est toujours en poste. Oui, il a été mis à pied quelques jours en novembre mais ça arrive, ça fait partie des choses. »
Une gestion familiale. On reproche aussi au président du club sa gestion familiale. Au conseil de surveillance du club, six membres sur dix sont directement issus de la famille du président. Rien d’illégal dans tout ça mais vu que le conseil de surveillance est censé contrôler les activités du directoire dirigé par… Eddy Zdziech et son fils, la contestation n’est pas forcément sa qualité première.
« Ce n’est pas ma famille, ce sont avant tout des actionnaires. Et je ne suis là pour me servir mais pour servir le club. C’est une grande différence », se justifie le patron du club.
Tensions au centre de formation
Un communiqué du club l’annonce ce mercredi sur le site officiel. Frédéric Zago, en poste depuis six ans, ne sera plus directeur du centre de formation à l’issue de la saison. Un accord à l’amiable a été trouvé entre les deux parties pour mettre un terme au contrat qui se terminait normalement en juin 2018.
Tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes donc ? Hé bien, pas tout à fait. Car le départ de Zago met surtout un terme à plusieurs mois de grosses tensions au centre de formation où une guerre ouverte avait lieu entre deux camps de formateurs.
Des primes de formation qui divisent. L’un reprochant à l’autre ses méthodes et inversement. Point critique du conflit : l’existence de primes, différentes en fonction des formateurs, quand un joueur issu du centre signait pro. A Valenciennes, comme cela se fait dans d’autres clubs pros, un formateur touche une prime si un joueur qui devient professionnel au VAFC (de 500 à 1.000 euros par année de formation). Et une autre prime (de 500 à 1.000 euros) tombe si le joueur formé au club dispute au moins quinze matchs avec les pros.
Des courriers au président pour se plaindre. Voilà pour le système. Le problème étant que certains formateurs reprochent à d’autres de tout faire pour qu’un joueur signe pro, juste histoire de toucher une prime. Les méthodes de travail et les attitudes sont également scrutées de près entre formateurs. Certains n’hésitant pas à faire des courriers au président du club pour se plaindre des autres. Bref, une bien belle ambiance de travail.
« On est en train de mettre un nouveau projet. Les personnes sur lesquelles le club compte sont comme un seul homme derrière moi. Quant aux contrats sur les primes, je n’en ai signé aucun. Je ne fais qu’exécuter les formes contractuelles. Après, c’est normal de faire la gueule quand vous constatez des disparités de traitement. Mais je vous assure que ça ne nuit pas à la formation », répond Eddy Zdziech.
Histoires de masse salariale
Avant le début de saison, c’est la panique au VAFC. Le club voit son budget retoqué par la DNCG qui lui demande de baisser sa masse salariale. Pour éviter une relégation administrative, Eddy Zdziech convoque certains joueurs en demandant de faire un effort salarial pour permettre au club de rester en Ligue 2.
Des joueurs prolongés et augmentés en fin de saison. Six joueurs acceptent sans sourciller à condition d’avoir une contrepartie. Tous sont donc prolongés d’une saison supplémentaire mais chacun sera augmenté (par rapport au salaire qui devait être initialement versé) dès la saison prochaine. A titre d’exemple, un joueur qui a accepté d’être payé 2.200 euros cette saison montera à 13.000 euros mensuels l’an prochain. Même fonctionnement pour les autres joueurs concernés.
Baissée cette année, la masse salariale devrait donc être en hausse dès l’an prochain sauf si de gros salaires décident de quitter le club, seul moyen d’éviter les foudres de la DNCG. « Ça ne posera aucun problème sur la masse salariale. D’ailleurs la DNCG, à l’époque, avait salué le fait qu’on ne baissait pas les salaires car on leur octroyait une contrepartie. Et c’est pour cela qu’elle avait validé ce fonctionnement ».
Ambition Ligue 1 en 2018. D’ailleurs, à entendre le président du club, il n’y a aucun doute à avoir sur les finances du club et même, surprise, sur les ambitions. « On visera la Ligue 1. On travaille sur un nouveau budget. Certains disent que je n’ai pas augmenté le capital du club d’un million d’euros comme cela était prévu lors de la reprise du club. Je les invite à regarder les comptes du club publiés par la DNCG qui dépassent le million d’euros en fonds propres. Il n’y a aucun problème de ce côté-là. »
Reste quand même à se maintenir, à vendre des joueurs, à en attirer d’autres, à trouver des investisseurs et à passer sous les fourches caudines de la DNCG avant, éventuellement, d’envisager un retour dans l’élite. A moins de diminuer les primes de match (400 euros par victoire, 134 euros pour un nul à domicile, 200 pour un nul à l’extérieur et 28 euros de prime de présence sur la feuille de match). A Valenciennes, il n’y a plus de petites économies.