«Gueules noires»: L'image du bassin minier dans l’inconscient collectif
TELEVISION Clichés ou réalité ? France 2 diffuse deux documentaires sur l’histoire de la mine, ce mardi soir…
Qui étaient donc les « gueules noires » ? France 2 propose ce mardi soir, à partir de 20h55, une soirée spéciale consacrée aux trois siècles d’histoire de la mine en France.
Avant de se plonger dans les deux documentaires signés Fabien Béziat et Hugues Nancy, 20 Minutes a demandé à Virginie Malolepszy, directrice des archives du centre historique minier de Lewarde, près de Douai, de faire le tri sur les clichés parfois véhiculés.
On prononce le « l » de terril. FAUX. Quand on est vraiment du bassin minier, on le sait. Sur des plans datés du XIXe siècle, on trouve écrit le mot « terri » qui signifie le tas de terre sur lequel on bâtit la fosse et qui deviendra le tas de déchets dû à l’extraction du charbon. Le « l » final serait né de conversations entre mineurs et journalistes venus en nombre lors de la catastrophe de Courrières en 1906. A la question, « Comment s’écrit "terri" ? », les mineurs répondaient « comme fusil ». Car dans le Nord, contrairement à d’autres régions, on ne prononçait pas le « l ».
Le mythe du héros national. VRAI. Au sortir de la 2de Guerre mondiale, le mineur est valorisé comme étant le premier ouvrier de France. Il y a une fierté à être mineur. Mais ce mythe existe déjà au milieu du XIXe siècle. Ce travail lié au sous-sol, aux entrailles de la terre, intrigue et fascine. Comme les pêcheurs, les mineurs affrontent des dangers inconnus. Ces deux métiers ont une place à part dans l’imagerie collective.
Les Polonais se sont facilement intégrés. FAUX. Pendant les 270 années d’exploitation minière, 29 nationalités sont venues travailler dans la région avec cinq grandes vagues d’immigrations, d’abord les Belges jusqu’en 1914, puis la plus grande entre les deux guerres avec plus de 200.000 Polonais, mais aussi les Italiens, puis dans les années 50 et 60, les Algériens et les Marocains. quelles que soient les vagues, les étrangers n’ont pas été forcément été les bienvenus, surtout lors des périodes tendues économiquement. Par exemple, en 1934, lors de la grève à Leforest, des Polonais ont été remis dans les trains.
Des loisirs particuliers. FAUX. A partir du milieu du XIXe siècle, les compagnies minières facilitent les « associations » de loisirs, comme les harmonies, les clubs de football, de cyclisme, de boxe, d’athlétisme ou de colombophilie. Dans les estaminets, on joue à des jeux traditionnels. Quant au billon et au javelot, c’est un loisir pratiqué aussi dans les campagnes et pas seulement dans le bassin minier.
Un métier accessible à tous. FAUX. Dès le XVIIIe siècle, c’est un métier très technique et très codifié. On fait venir des travailleurs de Belgique qui sont déjà spécialisés. A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, il faut avoir son certificat d’étude pour être mineur. Les compagnies ouvrent même leurs propres écoles.
L’entraide dans les corons. VRAI et FAUX. Tout le monde travaille et vit au même endroit. L’entraide est finalement normale, mais comme elle l’était dans les campagnes. La vie était surtout très réglementée : les caniveaux, par exemple, devaient être entretenus, mais c’est aussi la mission de n’importe quel citoyen actuellement.
Des conditions de vie exécrables. VRAI et FAUX. Le métier était pénible et très dangereux mais les mineurs bénéficiaient de conditions de vie meilleures par rapport à d’autres ouvriers. Ils avaient des jardins par exemple. Dès 1823, les compagnies minières construisent des maisons pour attirer et conserver la main-d’œuvre. Après 1945, le logement deviendra gratuit et les avantages sociaux seront nombreux car on avait besoin de cette main-d’œuvre pour relancer l’économie de la France.
En partenariat avec