Infanticide à Berck: «Je suis malade», reconnaît Fabienne Kabou

JUSTICE Le 4e jour du procès de Fabienne Kabou, pour l'abandon mortel de sa petite fille de 15 mois à Berck, se tient ce jeudi à Saint-Omer...

Olivier Aballain
— 
Fabienne Kabou, devant la cour d'Assises du Pas-de-Calais en 2016
Fabienne Kabou, devant la cour d'Assises du Pas-de-Calais en 2016 — BENOIT PEYRUCQ / AFP

Les troubles psychotiques de Fabienne Kabou l’ont-ils empêché de prendre conscience de son infanticide ? Le 23 juin, au 4e jour du procès ouvert aux Assises du Pas-de-Calais, on s’intéresse à nouveau de près au contexte psychique, dans lequel la prévenue a pu programmer puis commettre le meurtre de sa fille Adélaïde, du 19 au 20 novembre 2013.

Et l’un des experts psychiatres, le Dr. Daniel Zagury, est formel sur le « vécu délirant » de l’accusée. « C’est pas une petite menteuse, c’est une grande délirante », a déclaré le psychiatre et psychanalyste, revenant sur l’enfermement progressif de Fabienne Kabou dans le mensonge.

Distinguer un « moment psychotique »

D’après ses déclarations rapportées par France 3, le Dr Zagury estime que l’emprise fantasmée de la sorcellerie, mise à mal par l’accusation dans les jours précédents, n’est pas un mensonge, ni une façon de manipuler son auditoire. Pour lui, c’est seulement une façon de « donner un sens partageable à son délire ».

Et selon son avocate Me Fabienne Roy-Nansion, qui la défend depuis les débuts de l’affaire, les mots exprimés ce jeudi matin ont atteint sa cliente. « Pour la première fois elle m’a confié : “C’est vrai, je suis malade”. Elle prend conscience de ses troubles ».


Pour autant, le psychologue Yves Delanoy veut distinguer, lui, entre le vécu « psychotique » de Fabienne Kabou, lié à son histoire personnelle (sa rupture avec son père, sa relation œdipienne avec le père d’Adélaïde, son isolement progressif), et l’instant du passage à l’acte.

Risque suicidaire

Les mentions retrouvées sur son agenda (« faire le plus rapidement possible ce que tu as en tête », quatre jours avant le meurtre) montrent, selon Yves Delanoy, que Fabienne Kabou n’est pas dans le délire permanent mais qu’elle fait face à des « poussées ». Il est cependant catégorique : « Pour moi, le passage à l’acte ne découle pas de l’un de ces moments psychotiques ».

Il n’est que partiellement rejoint par le psychanalyste Jean-Luc Viaux, dont les conclusions écartent le délire psychotique (« trop d’ambivalence »), pour mettre en avant la volonté d’infanticide de Fabienne Kabou. « Pendant 15 mois, Adélaïde a échappé à la mort » explique l’expert, qui voit dans le geste de sa mère un « néonaticide retardé ».

Me Roy-Nansion espère quand même que la cour « tiendra compte de l’altération du discernement » de sa cliente. « Elle sera condamnée, mais son cas relève peut-être davantage de la médecine que de la justice ». Yves Delanoy prévient, toutefois : si Fabienne Kabou « prend conscience de la dissociation entre son geste et ses émotions », « il y a un risque d’effondrement suicidaire ».