Le Calaisien au fusil pourrait être poursuivi par la justice
JUSTICE Lors d’une échauffourée avec des manifestants pro-migrants, le riverain avait brandi un fusil que son père avait qualifié de factice. L’histoire n’est pas aussi simple que ça…
Voyage en eaux troubles. Depuis samedi, une vidéo tournée à Calais lors d’une manifestation de soutien aux migrants fait le tour de la toile. Visionnée 1,7 million de fois, on peut y voir deux hommes, un père et son fils, devant leur domicile en venir aux mains avec des manifestants. L’un d’eux, le fils, a sorti brièvement un fusil. Il sera peut-être poursuivi par la justice. Explications.
Lundi, soit deux jours après les « événements », 20 Minutes avait rencontré David, le père de Gaël, le jeune homme au fusil. Ce quadragénaire solidement bâti ne nous avait pas caché son « ras-le-bol » des migrants. Il avait aussi revendiqué participer à « toutes les manifs » contre leur présence à Calais et avait avancé que c’était sans doute pour cette raison que les manifestants s’en étaient pris à lui et à son fils.
Il a menti sur le fusil
Sur l’histoire du fusil brandi par son fils sur la vidéo, David avait affirmé qu’il s’agissait d’une réplique destinée à l’airsoft. Une version que l’enquête de la police de Calais vient de faire tomber. Si un fusil d’airsoft a bien été saisi par les enquêteurs, ce n’est pas celui que l’on peut voir sur la vidéo. « Une seconde arme a été saisie, il s’agit d’un fusil de chasse », a confirmé le procureur de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi.
Dès lors, la donne n’est plus la même et le jeune homme pourrait bien être inquiété par la justice. « Pour l’instant, il n’y a pas de poursuites car j’attends que les policiers me communiquent la procédure, poursuit le procureur. J’examinerai les faits avec le recul nécessaire et déciderai ensuite s’il y a lieu d’engager des poursuites ».
Pas de légitime défense
Quoi qu’il en soit, l’homme au fusil ne pourra pas évoquer la légitime défense, qui « suppose une riposte proportionnée à l’attaque », explique Jean-Pierre Valensi. Et, dans son enquête préliminaire, le procureur de Boulogne-sur-Mer devra aussi tâcher de déterminer les responsabilités, à savoir qui a jeté la première pierre.
Plusieurs sites antifascistes, dont la Horde, ont évoqué les sympathies d’extrême droite et néonazies du Calaisien. Des photographies ont aussi été publiées montrant Gaël posant devant ce qui semble être un drapeau de la SS ou en compagnie d’un autre homme arborant l’acronyme NSDAP (le parti d’Adolphe Hitler) sur son tee-shirt. « Il dit qu’il n’est plus d’extrême droite et de toute façon, le délit d’opinion n’existe plus en France dès lors que ce n’est pas négationniste », déclare le procureur.