Lille: Claude Hermant, cet identitaire dans la nébuleuse des attentats de janvier

PORTRAIT Deux Nordistes, dont une figure de l'extrême droite, sont en garde à vue dans l'enquête sur les armes utilises par Amédy Coulibaly le 9 janvier...

Olivier Aballain
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Claude Hermant en octobre 2011 à Lille
Claude Hermant en octobre 2011 à Lille — P. HUGUEN / AFP

La vie de Claude Hermant n’est pas un long fleuve tranquille. Ce Nordiste de 52 ans, entendu en garde à vue avec sa compagne depuis ce mardi dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret, était déjà en détention provisoire depuis le 23 janvier.

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La police enquête sur une filière supposée de « remilitarisation » d’armes de guerre neutralisées. Au moins l’une de ces armes importées de Slovaquie aurait indirectement atterri entre les mains d’Amedy Coulibaly, auteur de l’attaque antisémite du supermarché casher de la porte de Vincennes, à Paris.

Pôle d’attraction de la jeunesse d’extrême droite

Claude Hermant n’est pas un inconnu à Lille. Cet ancien barbouze au physique de catcheur (il aurait participé à un coup de force manqué au Congo) a notamment co-organisé une marche « identitaire » qui a rassemblé 500 militants d’extrême droite à Lille, en octobre 2011. Il y avait d’ailleurs invité Serge Ayoub, dont le mouvement « Troisième Voie » a été dissout en 2013.



Comment ce plombier de formation est-il devenu le pôle d’attraction de la jeunesse d’extrême droite nordiste ? Ancien para, il serait passé par un engagement volontaire en Croatie, avant de faire partie du DPS, le service d’ordre du Front National, de 1994 à 1999.

Revenu en métropole lilloise, il y organisait des « camps Arès », sorte de « camps scouts un peu virils », selon son avocat, cité par Libération en mai. Et lorsqu’en 2014, des individus attaquent le snack (« La Frite-Rit ») qu’il gère avec sa compagne, rue Solférino à Lille, il réplique à coup de flash-ball.

Infiltré pour le compte de la gendarmerie ?

Les enquêteurs interrogent le couple car des armes découvertes dans l’arsenal d’Amédy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l’Hyper Cacher, avaient été transformées en Slovaquie, puis revendues à l’une des sociétés gérées par la compagne de Claude Hermant, a expliqué à l’AFP une source proche de l’enquête.

Pour se défendre, Claude Hermant assure avoir travaillé avec la gendarmerie et les douanes « dans des affaires de trafic d’armes et de stupéfiants », selon une source proche de l’enquête. D’après ses dires, « sa compagne achetait des armes. Il s’en servait ensuite comme des appâts pour infiltrer certains milieux ».