Ligue 2: «Je n'ai même pas pu faire mes adieux au public» regrette Rudy Mater, ancien capitaine de Valenciennes

FOOTBALL Pas conservé par le VAFC en fin de saison dernière, l'ancien joueur du club n'a toujours pas digéré son éviction six mois après...

François Launay
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no caption — M.Libert/20 Minutes

Six mois après, la cicatrice n'est toujours pas refermée. Valenciennois de naissance, Rudy Mater est le joueur qui a disputé le plus de matchs (397) sous les couleurs du club du Hainaut. Pourtant, en fin de contrat en juin dernier avec le VAFC, l'ancien capitaine n'a pas été conservé par le club nordiste relégué en Ligue 2.  Une fin en queue de poisson que le défenseur de 34 ans, qui vient de s'engager jusqu'à la fin de la saison avec le club de Feignies (CFA2), n'a toujours pas digéré. 

Que devenez-vous six mois après votre départ du VAFC? 

Je viens de m'engager jusqu'à la fin de la saison avec le club de Feignies qui évolue en CFA2. J'étais en attente depuis plusieurs mois mais le temps passe vite. Je n'avais pas non plus envie de rester un an sans jouer. J'ai eu des opportunités qui n'ont pas abouti. Je vais finir la saison à Feignies pour les aider à monter en CFA. Ça va aussi me permettre de garder la forme en attendant peut-être de rebondir sur autre chose la saison prochaine. Et si on monte, pourquoi ne pas rester à Feignies, m'éclater et finir ma carrière là-bas. 

Vu votre expérience, on aurait pu penser vous voir jouer plus haut. Pourquoi ça ne s'est pas passé comme ça? 

Je n'ai pas pu jouer plus haut car on m'a annoncé mon éviction de VA une semaine avant la reprise du championnat de Ligue 2. A ce moment-là, toutes les équipes ou presque avaient fini leur recrutement. J'avais des propositions notamment du côté du Gazelec Ajaccio mais dans ma tête je voulais rester à VA à n'importe quel prix. Et puis en France, dès que vous avez passé trente ans , les clubs ne comptent plus vraiment sur vous. Alors que des joueurs comme Barbosa (Evian) ou Feret (Caen) prouvent le contraire. 

Avez-vous digéré votre départ du VAFC? 

Non, pas du tout. J'en parlerai le moment venu. J'espère que le club va se maintenir en Ligue 2. Sinon, il y aura des comptes à rendre sur ce qui s'est passé. Avant le début de saison, Bernard Casoni (entraîneur du VAFC) m'a convoqué dans son bureau. Il m'a dit qu'il avait déjà trois latéraux dans l'effectif et qu'il ne comptait pas sur moi. Le club ne voulait pas mettre de l'argent sur un quatrième latéral. Mais quand j'ai vu les salaires des joueurs sortir dans la presse, ça m'a un peu fait mal. 

Estimez-vous qu'on vous a manqué de respect vu votre passé à Valenciennes? 

Ce n'est pas vraiment ça. C'est juste que la discussion avec le coach a duré à peine cinq minutes. Quitter le club comme ça, c'ést un peu comme si on m'avait viré. Je n'ai même pas pu faire mes adieux au public. On ne m'a pas laissé le choix. Si on m'avait dit avant la fin de saison dernière qu'on ne comptait plus sur moi, j'aurais pu faire mes adieux mais là, je n'ai même pas pu. Ça me laisse un vrai goût d'inachevé. Je sais qu'il y a des supporters qui m'aiment et d'autres qui ne m'aiment pas. Mais j'ai toujours voulu rester au club. Certains pensent peut-être que j'étais trop cher pour VA mais il faut savoir qu'on ne m'a fait aucune proposition. Rien du tout. On m'a juste dit que c'était fini, point final. 

Comment avez-vous vécu ces derniers mois sans jouer? 

C'était très difficile. On se retrouve tout seul du jour au lendemain. On sort de sa bulle de footballeur professionnel et on s'aperçoit de plein de choses qu'on n'avait plus l'habitude de voir. Quand on est dans sa bulle, on ne fait pas attention à tout ce qui se passe autour. Plein de gens veulent être à tes côtés. Une fois que c'est terminé, tu comptes tes amis sur les doigts de la main. Des personnes que j'avais connu via le foot ne me donnent plus signe de vie. Ils ont dû se rabattre sur une autre personne. Mais mes proches sont restés à mes côtés.  Après, c'est très bien aussi. Quand on redevient une personne normale, on réalise qu'il n'y a rien de facile dans la vie. Il faut savoir rebondir. 

Êtes-vous passé par des moments de déprime? 

Bien sûr. J'en ai voulu à la terre entière. Mais je sais aussi que des gens au club auraient aimé que je reste, d'autres non. Un jour, j'aurai peut-être une explication avec eux. Mais VA restera toujours mon club. Je suis leurs matchs à la télé et ça me fait mal. Sur le terrain, je me rends compte que le club n'a plus d'âme , plus de leader. Ce n'est plus le Valenciennes qu'on a pu connaître. On a pris des gens qui ne connaissent rien au club. Mais j'espère que VA va se maintenir sinon ce serait vraiment triste. 

Vous a-t-on proposé de revenir au club ces derniers mois? 

Oui. Deux mois après la reprise du championnat, Jean-Louis Borloo a proposé mon retour au club. Mais VA a été interdit de recrutement par la DNCG donc ça ne s'est pas fait. Tant pis. De toute façon, je pense que ça aurait dû se faire avant la fin de la saison dernière, avant que certaines personnes arrivent au club. Quand je vois qu’à cette période-là, on a fait signer des jeunes joueurs alors qu'on disait à ceux qui attendaient une prolongation de patienter et de ne pas s'inquiéter. Les décisions n'ont pas été prises par les personnes en place à l'époque. 

Comment vous êtes vous entretenu ces derniers mois? 

Je suis allé m'entraîner un peu à droite à gauche dans les clubs amateurs du Valenciennois. J'ai aussi couru, fait du tennis et du squash pour m'entretenir. Mais après quand on ne joue pas, ça devient de plus en plus difficile. C'est pourquoi il fallait que je fasse quelque chose et que je m'engage quelque part. Je n'ai jamais pensé à arrêter. Le foot, c'est une passion. J'aurais même préféré aller jouer dans mon club de quartier à Dutemple plutôt que d'arrêter définitivement. 

Pensez-vous déjà à une reconversion? 

Oui, j'ai d'ailleurs un projet de reconversion au sein du VAFC, comme José Saez d'ailleurs. Je ne sais pas encore dans quel secteur mais je m'attache à ce que ça se passe bien. Les personnes qui sont arrivées au club ne sont peut-être pas au courant mais j'ai un papier signé. Pour l'instant, je suis au chômage, j'ai un petit challenge à réaliser avec Feignies. Je vais attendre la fin de mon chômage et on verra comment ça se passera à ce moment-là. On n'en est pas encore là.