Marseille : Le procureur évoque la « fracture » entre police et magistrats après les émeutes
Violences policières Au total, le parquet de Marseille a décidé de poursuivre une dizaine de policiers dans le cadre de quatre affaires de violences policières présumées lors des émeutes
Face à la « fracture » qui s’est créée entre police et magistrats sur les violences policières après les émeutes de l’été, le nouveau procureur de Marseille a tenu à rappeler lundi à Marseille « quelques fondamentaux », en présence du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. Il est « indispensable que je vous parle » de la « problématique violences policières après les événements et les émeutes de début juillet qui ont entraîné une fracture entre police et magistrature », a déclaré Nicolas Bessone lors de son audience solennelle de présentation au tribunal judiciaire de Marseille.
Rappel des fondamentaux
Au total, le parquet de Marseille a décidé de poursuivre une dizaine de policiers dans le cadre de quatre affaires de violences policières présumées lors des émeutes à Marseille fin juin-début juillet, après le décès du jeune Nahel, tué quelques jours plus tôt par le tir d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, en banlieue parisienne. La décision de placer en détention provisoire un policier accusé d’être l’auteur du tir de LBD qui aurait grièvement blessé à Marseille un jeune homme de 22 ans, Hedi, dont une partie du crâne avait dû être amputée, avait provoqué un vaste mouvement de fronde policière à travers la France cet été.
Certains policiers avaient demandé à ce qu’aucun de leurs collègues ne soit placé en détention provisoire. Le policier accusé d’être l’auteur du tir de LBD ayant atteint Hedi a été placé sous contrôle judiciaire le 1er septembre. Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a tenu à rappeler « quelques fondamentaux », comme le fait que « les juges et les procureurs travaillent tous les jours en bonne intelligence avec la police pour poursuivre les délinquants avec les mêmes objectifs de protection de la population ».
« Les juges et les procureurs sont tout à fait conscients de l’extrême difficulté du travail des policiers au quotidien » et « tiennent toujours compte de ce contexte qui peut encore être aggravé par des émeutes pour apprécier l’usage proportionné de la force », a-t-il ajouté. « En revanche, les juges et les procureurs sont fondamentalement, à l’image de la société française, attachés au principe de l’égalité de tous devant la loi et aspirent à une police républicaine qui ne serait pas au-dessus des lois », a insisté le magistrat d’un des parquets les plus importants de France.