Soupçons de financement libyen : Nicolas Sarkozy entendu sur la rétractation de Takieddine
Accusations L’ancien président est suspecté d’avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs protagonistes dans leurs démarches pour le disculper dans le dossier libyen
A-t-il fait pression ou donné son aval pour que des pressions soient exercées sur le témoin ? Nicolas Sarkozy est arrivé ce mardi au tribunal judiciaire de Paris. Il est entendu par un juge d’instruction dans l’enquête sur la rétractation de Ziad Takieddine. Ce dernier avait accusé l’ancien président d’avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds libyens.
L’ex-chef de l’État, qui a contesté toute participation aux faits, est suspecté d’avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs protagonistes qui auraient tenté d’escroquer la justice pour le disculper dans ce dossier, qui sera lui jugé début 2025. A l’issue de son interrogatoire, le magistrat pourrait le mettre en examen ou le placer sous le statut plus favorable de témoin assisté.
Bientôt mis en examen ?
Nicolas Sarkozy est arrivé en voiture mardi vers 10 heures. Ses avocats sont venus de leur côté. Cet interrogatoire était prévu du 12 au 14 septembre mais avait été repoussé. L’ex-chef de l’Etat a fermement réfuté toute participation aux faits incriminés pendant douze heures d’audition mi-juin devant les enquêteurs financiers de l’Office central contre la corruption (OCLCIFF).
Selon la teneur de ses déclarations devant le magistrat instructeur et l’appréciation qu’en fera celui-ci, Nicolas Sarkozy pourrait ressortir de cet interrogatoire mis en examen ou sous le statut moins incriminant de témoin assisté, qui lui donne un accès au dossier tout en excluant un procès le concernant. Outre Nicolas Sarkozy, la justice soupçonne au moins huit protagonistes d’avoir participé, à des degrés et moments divers, à cette opération.
Une opération estimée à 608.000 euros au moins
L’affaire porte sur trois épisodes. D’abord deux qui se sont déroulés fin 2020 : une interview du sulfureux intermédiaire franco-libanais à Paris Match-BFMTV, puis une lettre adressée aux magistrats instructeurs français. Les enquêteurs ont récemment chiffré à au moins 608.000 euros le montant de cette opération présumée.
Un troisième temps, début 2021, aurait également visé à obtenir une preuve que le retentissant « document libyen », publié dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement de sa campagne 2007 à hauteur de 50 millions d’euros, était un faux. Ou encore à obtenir la libération d’un fils Kadhafi, détenu au Liban, dans l’espoir que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy. Michèle Marchand, dite « Mimi » Marchand, figure de la presse people, est parmi les mis en cause.