Béziers : Jugé pour avoir tué un ami en voulant venger son frère

Assises Cet homme de 30 ans, au casier judiciaire vierge, risque jusqu’à trente ans de prison

20 Minutes avec AFP
Illustration d'une cour d'assises.
Illustration d'une cour d'assises. — A. GELEBART/20 Minutes

« Comme un engrenage sans fin. » Devant les assises de l’Hérault, Kamal Hajjaj a bien du mal à expliquer comment il a pu tuer à Béziers l’un de ses amis, alors qu’il voulait venger son frère qu’il pensait, à tort, à l’agonie.

En juillet 2019, alors âgé de 26 ans, cela fait trois ans que Kamal Hajjaj, qui a grandi dans le quartier paupérisé de la Devèze, exploite un snack dans le centre de Béziers. Sans casier judiciaire, il vit alors toujours chez sa mère, travaille « de 15 heures à 23 heures », sort parfois avec des amis. S’il reconnaît avoir consommé du « gaz hilarant », il assure s’être toujours tenu à l’écart des trafics qui gangrènent le quartier.

Il pense que son frère est grièvement touché

Le 16 juillet, il consulte un médecin pour une migraine. En route pour la pharmacie, il apprend que son frère, Karim Mouhou, qui n’a pas le même nom que lui, vient d’être pris dans une embrouille avec deux connaissances du quartier à la réputation sulfureuse, les frères Mohamed et Rachid Lazgah, qui l’accusent de leur avoir « carotté » des stupéfiants.

Lors de cette altercation, qui a eu lieu sur la place de l’église de la Devèze, Rachid Lazgah a effectivement tiré une balle dans la jambe de Karim. La blessure est sans gravité mais Kamal Hajjaj pense que son frère est plus sévèrement touché, peut-être mort. « Je me suis imaginé mon frère agonisant et je me suis précipité sur la place », a-t-il dit à l’audience.

« J’ai fait preuve d’un manque de lucidité »

Selon les enquêteurs, il tire alors en direction de Rachid Lazgah, mais c’est un jeune homme étranger à toute cette histoire, assis sur un banc qu’il blesse mortellement. Et il s’agit de son propre ami, Yazid Cherita. « J’ai fait preuve d’un manque de lucidité. J’ai comme été pris dans un engrenage », a tenté lundi d’expliquer le jeune homme, en détention préventive depuis quatre ans.

Il n’admet toutefois pas clairement que c’est bien sa balle qui a tué Yazid. « Que ça soit moi ou pas, j’ai une grosse part de responsabilité », concède M. Hajjaj, qui sera interrogé plus précisément sur les faits lors de la suite du procès, prévu jusqu’à jeudi ou vendredi. Il risque jusqu’à trente ans de prison pour meurtre. Rachid Lazgah est pour sa part jugé pour avoir tiré en direction de l’Audi de Kamal Hajjaj qui prenait la fuite et pour la balle tirée dans la jambe de Karim Mouhou.