Maltraitance animale : De la prison avec sursis requise contre l’ex-directeur d’un abattoir aveyronnais

procès Une vidéo de l’association L214 avait dévoilé que des agneaux étaient égorgés sans être préalablement étourdis dans cet abattoir proche de Rodez

20 Minutes avec AFP
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Des agneaux dans un abattoir de l'Aveyron.
Des agneaux dans un abattoir de l'Aveyron. — L214

La vidéo diffusée en juin 2020 par l’association de défense des animaux L214 avait éclaboussé la filière Roquefort. Filmée dans un élevage aveyronnais puis dans l’abattoir Arcadie Sud-Ouest, près de Rodez, elle montrait des agneaux qui boitaient, toussaient, ou agonisaient, d’autres mal ou pas étourdis sur le tapis roulant maculé de sang. Ce, malgré un rapport des services vétérinaires de 2016 qui signalait déjà des pratiques de mise à mort non conformes.

Trois ans plus tard, l’ancien directeur du site, son directeur de production et le directeur général d’Arcadie ont comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Rodez. Ils ont reconnu « un non-respect des bonnes pratiques » et « des actes accidentels », qu’ils ont expliqué par un manque de personnel. Stéphanie Boutaric, l’une des avocates de la défense, a regretté que seuls les dirigeants de l’abattoir comparaissent devant la justice : « Où sont les opérateurs ? Où sont les 17 vétérinaires qui intervenaient sur site et qui n’ont rien fait ? », a-t-elle soulevé.

Le directeur a « laissé faire »

« Dans ce dossier, chacun se renvoie la responsabilité et ferme les yeux sur sa participation », a tranché la procureure Esther Paillette. Elle a dénoncé « une inaction totale des dirigeants de l’entreprise, alors que les mises en demeure ont été particulièrement nombreuses » après le rapport de 2016.

La procureure a ainsi requis la peine la plus lourde, six mois de prison avec sursis, contre le directeur du site, considérant qu’il avait « laissé faire avec un rôle central ». Elle a demandé 4.000 euros d’amende à l’encontre du directeur général d’Arcadie et 2.000 euros d’amende pour le directeur de production du site. Contre l’entreprise, en liquidation judiciaire depuis juillet 2020, la procureure a requis 50.000 euros d’amende. Le tribunal rendra son délibéré le 18 octobre.

L’Eta aussi condamné

« Les règles de bien-être animal sont minimes et on ne les respecte même pas », a regretté Me Hélène Thouy, avocate de L214, partie civile dans cette affaire. En mai, le tribunal administratif de Montpellier avait déjà condamné l’Etat à verser 4.500 euros à L214 dans cette affaire, pour avoir laissé se poursuivre les actes de maltraitance en ne mettant pas en place des contrôles suffisants.

Après la diffusion de la vidéo, le ministère de l’Agriculture avait suspendu l’agrément d’Arcadie Sud Ouest, la société gérant l’abattoir, en évoquant des « pratiques inacceptables ». L’abattoir a depuis été repris par une coopérative.