Grève : Mécontents de leurs conditions de travail, les greffiers organisent ce jeudi une journée « Justice morte »

« EN COLERE » Les négociations entre les syndicats et la Chancellerie n’aboutissent pas sur le nombre de greffiers qui passeront en catégorie A dès 2024

20 Minutes avec AFP
Lors d'une manifestation de magistrats, avocats et greffiers, à Douai le 15 décembre 2021 (illustration).
Lors d'une manifestation de magistrats, avocats et greffiers, à Douai le 15 décembre 2021 (illustration). — FRANCOIS GREUEZ

Les greffiers vont faire entendre ce jeudi leur « colère ». Leur principal syndicat a en effet appelé à une journée « Justice morte » alors que les négociations avec la Chancellerie achoppent sur le nombre de greffiers qui passeront en catégorie A dès 2024.

« Les personnels ne sont pas reconnus dans leurs missions et travaillent dans des conditions de travail qui ne sont pas dignes d’un pays comme la France », a expliqué mardi Hervé Bonglet, secrétaire général de l’Unsa Services judiciaires (majoritaire). La CGT Chancellerie et Services judiciaires a également déposé un préavis de grève valable jusqu’à fin octobre.

Des actions commencées dès mardi

Dès ce mardi, à Lyon, toutes les audiences correctionnelles, à l’exception des comparutions immédiates, ont été reportées à des dates ultérieures en raison du mouvement de grève. A 14 heures, une trentaine de greffiers, vêtus de leur robe noire agrémentée d’un rabat rouge, en signe de colère, se sont allongés au sol, dans la salle des pas perdus du tribunal judiciaire.

A Poitiers, des greffiers à la cour d’appel se sont rassemblés derrière une banderole : « Ne nous ignorez pas, nous, nous ne vous oublierons pas ». D’autres ont posé devant le tribunal judiciaire de Chambéry (Savoie) derrière le slogan « Greffe en colère », selon le compte X/Twitter du tribunal.


Le ministère de la Justice a pour sa part rappelé mardi que « des discussions sont en cours entre la direction des services judiciaires (DSJ) et les organisations syndicales, portant notamment sur la revalorisation indiciaire et statutaire », après le mouvement spontané de juin. Les négociations « n’avancent pas aussi vite qu’il le faut », a néanmoins estimé Hervé Bonglet, en rappelant que le projet de budget de la justice devait être finalisé « la semaine prochaine ».

La principale revendication du syndicat majoritaire vise à obtenir le passage de l’ensemble des greffiers en catégorie A de la fonction publique, soit 10.000 à 11.000 personnes. Si le principe du passage en catégorie A, synonyme d’une meilleure rémunération, est acquis pour les greffiers, on ne sait pas combien seront concernés en 2024.

Un mouvement très suivi il y a un an

« Les greffiers sont payés environ 13 % en dessous des autres catégories B (catégories équivalentes) de la fonction publique. La loi de programmation justice va entériner la création des attachés de justice (contractuels) qui seront positionnés sur les mêmes missions que les greffiers et payés plus que ces derniers », a détaillé Hervé Bonglet. « La direction des services judiciaires, le ministère et la fonction publique reconnaissent le besoin de reconnaissance des greffiers mais ne s’engagent pas à la hauteur de ce que nous souhaitons », a-t-il déploré.

Début juillet, après un rare appel à la grève nationale, les greffiers avaient été des milliers à se rassembler devant de nombreux tribunaux, brandissant des pancartes proclamant « Face au mépris, la colère », « Injustice dans la justice » ou « La gifle de trop ».