Chauffeur de bus tué à Bayonne : « Je n’ai jamais pensé qu’il allait perdre la vie dans cette bagarre », jure un accusé

procès Wyssem Manai et Maxime Guyennon sont jugés pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner après le décès de Philippe Monguillot, un chauffeur de bus, le 5 juillet 2020

Elsa Provenzano
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La salle d'audience de la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques, à Pau.
La salle d'audience de la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques, à Pau. — E.Provenzano
  • Ce lundi, le procès des agresseurs de Philippe Monguillot, ce chauffeur de bus qui a perdu la vie après des coups reçus le 5 juillet 2020 devant son bus, sur fond de refus du port du masque.
  • Les deux accusés Wyssem Manai et Maxime Guyennon sont jugés devant la cour d’assises pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
  • Ils ont pris la parole ce lundi matin devant la cour et ont expliqué qu’ils ne pensaient pas que les choses iraient si loin. Maxime Guyennon a essayé de retenir Wyssem Manai avant le dernier coup, mais en vain.

A la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques,

Ils ont l’air penaud dans le box de la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques, comme écrasés par le poids des faits. Wyssem Manai et Maxime Guyennon, tous deux âgés de 25 ans, sont jugés jusqu’à jeudi pour des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Les deux hommes sont accusés d’avoir roué de coups, le 5 juillet 2020, un chauffeur de bus de 59 ans au cours d’une altercation liée notamment au port du masque. La victime, Philippe Monguillot, est décédée cinq jours plus tard. 

Ce lundi, la cour est longuement revenue sur le scénario du drame. Wyssem Manai, qui a décoché le coup de poing fatal, s’exprime à toute vitesse. Vêtu d’une chemise blanche, cet homme au gabarit plutôt frêle ne parvient pas à cacher sa nervosité. Quand il évoque l’altercation avec le chauffeur qui leur montre la sortie parce qu’ils ne portent pas de masque, l'accusé répète, incrédule « de toute façon, je descendais ». Son comparse, Maxime Guyennon, fait remarquer que, dans le bus, sur une vingtaine de personnes seules trois sont masquées. Sur la vidéo diffusée à l’audience, on voit effectivement que les personnes les plus proches, une femme et une petite fille, n’en portent pas. A l’arrivée du chauffeur, elles s’empressent de le mettre.

« Avant il n’y avait que des mots »

Vers 14 heures, Philippe Monguillot avait déjà croisé la route des deux accusés qui n’avaient pas validé leurs tickets. Il leur avait demandé de le faire, accompagnant même Wissem Manai à la borne pour lui expliquer son fonctionnement. Sur la vidéo captée pendant cette scène, seul un léger agacement est perceptible sur le visage du chauffeur. A 19 heures, c’est une autre histoire. Le ton monte vite. Le chauffeur de bus se retrouve rapidement encerclé par les deux jeunes hommes et deux de leurs amis qui les ont suivis dans le bus. Le conducteur décoche un coup de tête à Wissem Manai. « Avant il n’y avait que des mots », précise Maxime Guyennon, cheveux mi-longs rassemblés en couette.

L’altercation se poursuit à l’extérieur du véhicule. « Je me débats comme je peux, je ne sais pas ce qui se passe, je prends que des coups, raconte à toute vitesse Wyssem Manai. Je lui mets deux coups de poing ». Maxime Guyennon reconnaît aussi quelques coups portés à Philippe Monguillot, avant de retenir son acolyte. Dans l’après-midi, les jeunes ont consommé de l’alcool. « Ma tête tournait, j’ai pas réussi à m’interposer assez longtemps, assez utilement », regrette Maxime Guyennon.

« J’ai rien compris, ça s’est passé trop vite »

Wyssem Manai rattrape Philippe Monguillot qui s’est relevé et se dirige vers sa cabine. Il lui assène un coup de poing qui le fait lourdement tomber au sol. « J’avais peur qu’il m’attrape et que ça reparte, tente d’expliquer Wyssem Manai. Je ne savais pas qu’il allait tomber comme ça… Pour moi c’était inimaginable qu’il meure. J’ai rien compris, ça s’est passé trop vite. » Maxime Guyennon est lui aussi dépassé par l’ampleur des événements. « J’ai jamais pensé que monsieur Monguillot allait perdre la vie dans cette bagarre, glisse-t-il. En garde à vue, on nous a dit qu’il était dans le coma, et là on a commencé à comprendre que c’était très grave. »

Le principal accusé - celui qui a porté le coup fatal - jure qu’en apprenant l’état de santé de la victime, il était « affolé et en larmes ». « Je ne suis pas un monstre, je suis quelqu’un de gentil », assure-t-il. Son co-accusé, Maxime Guyennon reconnaît être « parti en courant comme un lâche » commente ce dernier. Il s’adresse à Véronique Monguillot, sa veuve « J’y pense tous les jours, je vous présente mes excuses, même si elles sont inutiles. J’ai pensé à vous écrire une lettre en détention, mais j’ai eu peur que les mots soient mal interprétés. » Les parties civiles seront entendues ce lundi en fin de journée.