Nord : Procès de l’ex-directrice d’un Ehpad Orpéa après la mort d’une pensionnaire par étouffement
Procès En janvier 2020, une femme de 83 ans avait succombé d’une « asphyxie mécanique » causée par « l’ingestion d’un morceau de tripe de sept centimètres »
L’ex-directrice de l’Ehpad Orpéa de Fontaine-au-Pire, dans le Nord, et le groupe d’Ehpad privés sont jugés, mardi, devant le tribunal correctionnel de Cambrai pour « homicide involontaire » après la mort d’une pensionnaire par étouffement en janvier 2020.
L’ex-directrice est poursuivie pour « homicide involontaire » par la « violation » d’une « obligation de prudence ou de sécurité » notamment par « le manque de personnel le jour du décès », « le manque de formation dudit personnel » et « l’organisation défaillante au sein de la structure », a indiqué le parquet de Cambrai à l’AFP. Le groupe, également poursuivi pour homicide involontaire en qualité de personne morale, sera aussi jugé pour ne pas avoir fourni à la défunte « un repas adapté à sa pathologie ».
Son régime adapté n’a pas été suivi
La résidente de l’Ehpad nordiste, âgée de 83 ans, était décédée le 4 janvier 2020 d’une « asphyxie mécanique » causée par « l’ingestion d’un morceau de tripe de sept centimètres », a relaté le parquet. Or, elle devait bénéficier d’un régime alimentaire adapté « avec des aliments finement hachés et une assistance lors de la prise des repas, dont elle n’a pas bénéficié ce jour-là ».
L’octogénaire avait été placée temporairement dans cet Ehpad pendant les congés de sa famille d’accueil, a précisé l’avocat de ses deux filles et trois petits enfants, Me Patrick Ledieu. « Un certain nombre d’instructions avait été donné à l’entrée » notamment celles d’être « toujours à côté d’elle au moment des repas et de lui donner une alimentation hachée », a-t-il assuré.
La famille, qui a déposé plainte, veut, outre « comprendre ce qui s’est passé », « provoquer une prise de conscience chez Orpéa pour que ça n’arrive plus », a expliqué Me Ledieu. De son côté, l’entreprise a indiqué ne pas souhaiter faire de commentaires « pour laisser la justice faire sereinement son travail ». « Nous renouvelons toute notre compassion à la famille et aux proches », a-t-elle ajouté.
Orpéa est visé par plusieurs enquêtes préliminaires, dont une enquête pour maltraitance institutionnelle et infractions financières. Le groupe fait aussi l’objet d’une enquête pour « faux et usage de faux et infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée ».
Les pratiques du groupe avaient été mises en cause dans le livre-enquête Les Fossoyeurs, publié en janvier 2022 par le journaliste Victor Castanet. L’ouvrage avait révélé des maltraitances de pensionnaires, des irrégularités financières sous l’ancienne direction, et des manquements dans la gestion des ressources humaines.